Quand fantasy et JV me font rager dans le potager
Bonjour à tous. J’ignore un peu quel est le protocole à suivre lors des quartiers libres, mais comme je ne pense pas être des plus connus, je vais faire une courte présentation : on m’appelle Nock, ou parfois Hipster-kun et parmi mes passions, on trouve côte à côte « râler » et « mater des clips et courts métrages animés un peu spéciaux, voire carrément bizarres ».
J’ai hésité à profiter de ce quartier libre pour aborder le deuxième point, mais finalement, dommage, j’ai plutôt choisi de venir râler.
Pour des raisons de manque flagrant d’idées d’illustrations, cet article sera majoritairement illustré par des cuts issus de sakugabooru.
Il y a peu, je m’interrogeais sur la fantasy dans les animés et autres light novels, enfin surtout, je me demandais si entre deux harems à la con, les Japonais pouvaient encore appréhender la fantasy autrement que part le prisme de jeu vidéo. Alors bien sûr, c’est une question de merde, car, oui, des exemples de fantasy que je qualifierai (peut-être à tort) de plus « classique », ça ne manque pas. Si les SAO et autres Log Horizon ont sûrement, à leur échelle, lancé une petite mode, ça n’a pas remplacé intégralement le reste de la production, de même que les histoires de vampires, puis de zombies, puis les dystopies n’ont pas, par chez nous, vampirisé intégralement le domaine de la littérature pour ado.
Cela dit, comme les vampires qui, à leur époque (j’ai bossé en librairie jeunesse lors de cette vague post-Twilight) m’ont particulièrement gonflés (non, sérieusement, si vous voulez une bonne histoire de vampires, regardez donc le Nosferatu de Murnau (1922, le cinéma muet, tout ça)), ces œuvres de fantasy empruntant une partie de leurs codes aux jeux vidéo (et principalement aux RPG / MMO) m’agacent un peu.
Tout cela pour en venir à l’objet de mon agacement : un animé en soi pas mauvais, mais auquel je reproche des choix douteux en terme de narration : Grimgar.
Si vous regardez Grimgar entre potes, je vous propose un petit jeu à boire :
à chaque plan sur le postérieur de Yume, tout le monde vide son verre.
Que l’on soit d’accord, je n’ai rien contre la lenteur que certains reprochent à cette série. Qu’elle prenne son temps, pourquoi pas. Qu’elle cherche à avoir une approche sérieuse, et « naturaliste », pourquoi pas. Qu’elle cherche à faire des ennemis qu’on est habitué à génocider à la pelle dans les JV des créatures dotées d’âme, luttant autant pour leur survie que les héros, encore une fois, pourquoi pas.
Mais alors, pourquoi passer tant de temps tous les 2 – 3 épisodes pour montrer l’évolution des héros à grand renfort de nouvelles techniques et coups spéciaux appris, comme si les héros n’étaient finalement que des personnages de JV et les monstres autant de PNJ hostiles, un statut que l’animé semblait pourtant chercher à ne pas leur imposer ?
— Ah, ma brave dame, vous savez, nous autres, les Gobelins, ont fait pas un métier facile…
Personnellement, c’est un choix d’écriture que je ne comprends pas et qui me sort de l’histoire. Alors, certes, on pourra toujours rétorquer que les personnages ne sachant ni pourquoi ni comment ils se sont retrouvés là, ça ne nous épargne la possibilité (aussi formidable qu’originale) que ce soit bel et bien un jeu vidéo (où jeu de rôle papier, ce qui me paraîtrait presque l’hypothèse la plus vraisemblable). Mais dans ce cas, que viennent faire ici des éléments « réalistes » (la mort permanente, le caractère des monstres, etc.) Et si, à l’inverse, les personnages ont bel et bien basculé dans un autre monde pas virtuel, comme dans pas mal de récits de fantasy depuis, au pif, Narnia en 1950, alors ces éléments inspirés de l’univers du jeu vidéo ont-ils un sens quelconque ?
Pour faire un parallèle un peu osé, c’est comme si, dans le Seigneur des Anneaux, Tolkien prenait de temps en temps le parti de présenter les attaques d’Aragorn comme des compétences liées à sa progression en tant que membre de la classe des rôdeurs.
— Ouf, heureusement que j’ai appris cette compétence me permettant de faire passer pour un effet de style le fait qu’à ce stade de la production, tous les animateurs sont morts.
On touche là à quelque chose qui a tendance à m’énerver dans la fiction : la transposition telle qu’elle des codes d’un média à un autre média.
De la même manière que je ne supporte pas qu’une adaptation animée de VN reprenne le concept de routes à un tel point qu’elle choisisse de « rebooter » à chaque nouvelle histoire (comme ont pu le faire Yosuga no Sora ou Photokano), je suis un peu navré de voir des LN ou animés reprendre sans effort réel de transposition des concepts de RPG. Car si la progression chiffrée, la montée de niveaux ou les systèmes de compétences font sens dans un jeu de rôle ou vidéo, s’ils sont utiles pour quantifier l’évolution d’un personnage, sa puissance, ou permettre au joueur de déterminer ce qu’il peut faire ou non, elles ne font que peu de sens dans une fiction, sauf peut-être, effectivement, dans une histoire où les héros se retrouvent bel et bien dans un jeu.
DanMachi marcherait-il moins bien sans tout cet enrobage à la RPG ? Était-ce la seule astuce disponible pour justifier le fait qu’un simple ruban puisse maintenir une poitrine en place ?
En fin de compte, je n’arrive pas à comprendre à quel moment quelqu’un a pu considérer que c’était une bonne idée. Que les auteurs de SAO ou Log Horizon le fasse, ça se comprend, mais que d’autres reprennent l’idée et dans la transpose dans un monde de fantasy « ordinaire », ça n’a, à mes yeux, aucun sens. Surtout pas comme dans une œuvre comme Grimgar qui semble chercher à tout prix à être prise au sérieux.
Pendant ce temps, le fait que Konosuba penche plus du côté de la parodie ne justifie pas pour autant l’utilisation des codes du JV. Mais au moins, on a eu de belles explosions, et, chose improbable pour du Deen, un peu d’animation pas dégueulasse
Un lecteur ou spectateur a-t-il réellement besoin de ce genre d’artifices pour voir à quel point un héros est devenu badass en cours de route ? Le fait de le voir trucider un ennemi particulièrement redoutable n’est-il pas un indicateur suffisant ? User de ce genre de procédés n’est-il pas une certaine forme de fainéantise, un vague subterfuge pour s’épargner un peu de narration supplémentaire ?
Et surtout, pourquoi certains semblent-ils chercher à justifier un fait totalement irrationnel comme « le héros bascule dans un autre monde, totalement mystérieux et peuplé de créatures qu’on ne rencontre guère que dans les folklores » en se sentant obligé de dire « oui, mais c’est (peut-être) un jeu vidéo » ? Je sais qu’on commence à entrer dans l’ère de la réalité augmentée, mais se retrouver coincé dans un jeu, pour l’instant, ce n’est guère plus rationnel. Faut-il vraiment une explication à ce basculement vers un autre monde qui constitue la base d’une partie des récits de fantasy ?
Re:Zero sera-t-il l’animé de fantasy fainéante de la saison ? Je peux me tromper, mais j’en ai l’impression.
Voilà beaucoup de questions et pas des masses de réponses, j’en conviens. Sûrement que je me prends la tête pour rien. Peut-être que j’aurai plus apprécié Grimgar et autres séries du même genre si je m’étais moins posé ce genre de questions.
Sur ce, si vous êtes arrivés jusqu’ici, merci de m’avoir lu, et merci à Axel de continuer à organiser le quartier libre.
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