La blasitude de l’animation japonaise m’envahit et je n’aime pas ça
Je vous ai bien clickbait en vrai parce que je ne vais pas parler que d’animation japonaise, mais en grande partie oui.
C’est quelque chose qui me taraude depuis facilement 2 ans : je mate de moins en moins d’animés, et j’ai de plus en plus de mal à me plonger dans certains jeux. Cela n’a donc pas grand chose à voir avec le covid mais c’est quelque chose qui s’est insidueusement infiltré dans mon esprit, et il y a eu deux éléments déclencheurs qui m’ont fait réalisé que j’avais de plus en plus de mal avec l’animation japonaise : les prix Minorin.
Avant tout j’aimerais remercier Amo qui se décarcasse chaque année pour les organiser et qui rentre manuellement les résultats des bulletins relativement libres qu’on lui envoie, et ça doit être long et chiant. Et puis y’ ala cérémonie et tout ça, bref je suis admiratif devant tant d’énergie et de dévotion, et j’espère que ça va continuer encore un moment.
Mais voilà, en remplissant mon petit bulletin cette année, je me suis rendu compte que j’avais vu, au maximum, 5 à 6 animés en 2020. Vous l’aurez sûrement remarqué aussi sur ce blog mais mes billets « Animés de saison » ont disparu des écrans radar. Je regarde tellement peu d’animés de façon assidue chaque saison qu’il ne me paraîssait plus pertinent de faire ces billets. Alors qu’avant, je me permettais de tester des séries à droite à gauche. Plus maintenant. Du coup, mes poulains de cette année sont peu nombreux et peu variés, mais comme l’a si bien dit Amo, tous les votes comptent, donc je me suis résolu à lui envoyer mon vote.
Mais pourquoi ? Où est passée la PASSION ?
Bizarrement ça touche un peu ma consommation de manga par répercussion, même si c’est moindre : il m’arrive de tester des choses selon les synopsis ou mon humeur, mais j’ai du mal à m’engager dans tout ce qui est shonen ou série à rallonge : mon intêret pour celles-ci baisse incroyablement au fur et à mesure qu eles volumes s’enchaînent et que l’histoire n’avance pas.
Mais l’animation japonaise, pour moi, tourne en rond depuis quelques années. Oh bien sûr il m’arrive de trouver une ou deux séries par saison qui me plaisent et que je ne vais pas dropper. Mais je soupire en regardant ce qui est disponible : des suites, des suites, des putain d’isekai (j’y reviendrai), des animés d’idol (masculins ou féminins), des shonen, parfois des trucs un peu bizarres, mais voilà, tout cela ne m’attire plus.
Pour vous donner un exemple cette saison, je ne matte que Dragon Quest Dai, parce que nostalgie (j’avais aimé le manga à l’époque et la série est bien réalisée), et Zombie Land Saga (parce que c’est décalé), et Higehiro (parce que c’est plutôt mignon et c’est le genre d’histoire que j’aime en romance). Eeeet c’est tout. La saison dernière j’ai maté Yuru Camp S2 (parce que c’est chill) et Dai. J’ai testé So I’m a Spider parce qu’on me l’avait pas mal survendu, mais pfffiou. Oui Aoi Yuuki est une comédienne de doublage incroyable qui gère de ouf en araignée mais la vache, la série est mal animée, et les persos transportés dans ce monde autres que l’héroine en araignée sont chiants comme la mort. Et c’est encore un putain d’isekai.
J’en peux plus.
J’en peux vraiment plus.
(Aparté sur la VF de So I’m a Spider qui vaut vraiment le détour. Elle est incroyable, la comédienne en VF donne tout ce qu’elle a et ça fait plaisir.)
Les isekai, ces animés où on vous montre un ou plusieurs personnages envoyés dans un monde de fantasy, me turbo-soulent. C’est toujours exactement le même scénarii. Le héros ou l’héroine avait une vie de merde dans notre monde, se retrouve catapultée par un procédé lambda (souvent, la mort) dans un autre monde où bizarrement elle va avoir une vie bien meilleure parce que totalement surpuissant grâce à un pouvoir quelconque. C’est d’un chiant, putain. Ces « escape fantasy » c’était fun à un moment mais maintenant ? Oh il y a bien des séries qui prennent ça sous un angle totalement différent et où le héros/héroine en chie pas mal : Shield Hero, Ascendance of a Bookworm ou Bakarina (l’anime où l’héroine est réincarnée en méchante), y’en a plein d’autres, mais regardez Moi quand je me réincarne en slime par exemple : le héros a une vie pas top, se plaint de mourir puceau (quelle tare bon sang), avant d’être réincarné en slime où il se trouve qu’il a un skill tout pêté qui lui permet d’obtenir un pouvoir de plus en plus grand. Au début le côté décalé est très rigolo, et sur la première saison on se surprend à suivre ça en mode « lol c’est pêté ». Mais au bout d’un moment ça tourne en rond car il n’y a rien pour arrêter le personnage principal ou le mettre en difficulté. Et c’est un truc qui revient énormément dans beaucoup d’isekai.
J’ai honte d’avoir suivi des séries comme In Another World with my Smartphone par exemple, mais à l’époque je l’avais fait par simple curiosité morbide, pour voir si il y avait quelque chose à retirer de cette série. Spoiler, la réponse est non, il n’y avait rien. L’auteur écrivait ça sur son propre smartphone et l’économie de mots qu’il faisait se faisait aussi ressentir sur le scénario quasi inexistant. Cela relevait plus du fantasme d’adolescent qu’autre chose. Cela me faisait me poser une question existentielle aussi:
Pourquoi une série avec une écriture aussi mauvaise, un scénario aussi insipide, peut se retrouver produit en animé ? C’est sensé être une consécration pour un auteur de manga ou de light novel, mais il ne faut pas perdre de vue que l’adaptation animée d’une oeuvre est un gouffre financier qui sert uniquement à rendre populaire la série initiale, dans l’espoir de vendre plus du matériel d’origine (manga ou light novel généralement, qui sont peu chers à produire) et de produits dérivés (figurines, porte clés, t-shirts et j’en passe).
Je crois que c’est à ce moment là que je me suis réellement posé la question, ou du mois que j’ai commencé à me la poser. Pourquoi ça et pas d’autres séries plus intéressantes ? Cet exemple se trouve pourtant dans de nombreuses autres séries que je jugerais volontiers comme dénuées de profondeur.
Et pourtant il fut un temps où j’adorais ça ! Je veux dire, j’ai maté mon lot de petites merdes comme de séries sympa sans plus. Aujourd’hui je ne regaredrais plus un truc comme Idolmaster ou Love Live! sans sourciller. J’aurais du mal à m’y intéresser.
A quoi c’est dû ? De la lassitude ? L’impression de voir et revoir tout le temps la même chose ? Il est vrai que tout média a ses périodes, ses modes. Si je reprends l’exemple de la japanimation, perso j’ai tendance à découper ainsi :
- Dans les années 90 on a eu beaucoup de séries d’aventure, de mecha et de comédies romantiques
- Dans les années 2000 énormément d’adaptations de visual novel, puis les light novel qui arrivent en 2006 avec en porte-étendard La mélancolie de Haruhi Suzumiya. Qui a d’ailleurs lancé une autre mode : les séries sur des clubs scolaires
- Dans les années 2010, bah les isekai, grâce à Sword Art Online qui quoi que j’en dise était pas mal, mais a lancé une mode.
Alors les modes ça va ça vient, mais j’ai réellemen tdu mal avec la mode actuelle, et c’est triste.
Il y a aussi je pense, une lassitude des clichés. Le héros qui saigne du nez, les pantsu shot, le héros qui se prend une baffe en surprenant un personnage féminin en train de se changer alors que c’est pas sa faute… Je site des clichés de comédies romantiques pour le coup mais on peut en trouver des tas d’autres dans beaucoup de séries qui en abusent à longueur de temps. Il fu tun temps où je me disais que ça faisait partie du paysage dans les histoires venant du japon. Les personnages qui n’arrivent pas à s’avouer leurs sentiments, qui ne communiquent pas, etc. Aujourd’hu_i je n’en peux plus, mais vraiment. Les tsundere par exemple, ça m’horripile tellement maintenant alors qu’avant j’adorais ce type de personnage. (bon après c’est comme le chasseur, y’a la bonne et la mauvaise tsundere…)
Comment faire ?
Bah oui, je ne mate pas beaucoup d’animés au fur et à mesure de leur diffusion depuis maintenant 2 ou 3 ans, du coup comment je m’occupe ? Comment je trouve ce rafraichissement qui me manque tant ?
Déjà, j’ai commencé à regarder des séries plus anciennes, dont j’étais passé à côté. Souvent des séries longues d’ailleurs car j’avais soif d’autre chose que du format 13 épisodes d’aujourd’hui. Des trucs un peu obscurs comme Gun X Sword que j’avais découvert via un épisode du jeu Super Robot Taisen récent, ou encore La légende des héros de la galaxie. Ouais, quand je vous disais que j’avais regardé des trucs longs.
Ensuite, j’ai maté des trucs sur Netflix. Des séries japonaises que j’avais manquées, mais aussi des séries américaines que j’avais ignorées de ma culture depuis toutes ces années à force de ne mater que des animés. Par exemple je me suis fait pratiquement l’intégrale de Star Trek jusqu’à Discovery. J’ai aussi découvert des trucs très sympa qui m’ont vraiment fait plaisir et qui m’ont surpris, comme The Good Place. Et genre, vraiment surpris : ça me redonné goût aux choses.
J’en ai aussi profité pour découvrir youtubeurs et stremeurs divers et variés, mais ça c’est une histoire pour une autre fois.
Parce qu’en vrai, la bombe, le truc qui m’a vraiment, mais alors vraiment fait regarder les autres oeuvres d’un oeil beaucoup plus critique, c’est The Wandering Inn, web novel écrite par pirateaba que AliceSutaren et Sébastien Ruchet m’ont fait découvrir, et wow, j’ai été soufflé par ce que j’ai lu. Pour une fois dans une histoire j’ai eu:
- Des persos qui ne sont pas des clichés sur pattes et qui évoluent
- Un univers qui réutilise des codes communs pour pas trop perdre le lecteur (des levels, des skills, des classes) mais qui rend ça compréhensible et intéressant en les remodelant à sa sauce.
- Un rythme alternant efficacement action, drame, et tranche de vie tout en remontant des choses qu’on a vues auparavant dans l’histoire (pas vraiment d’arcs mais plutôt différentes intrigues qui s’influencent les unes les autres)
Et pas mal d’autres trucs, mais ça a surtout mis en lumière cette lassitude que je reprochais aux oeuvres que je consommais jusqu’ici. J’ai parlé de séries netflix mais elles ne sont pas exemptes de tous ces problèmes. C’est en discutant avec Otak que je me suis rendu compte qu’on avait eu exactement la même problématique avec des oeuvres différentes : lui ça a été y’a une dizaine d’années avec Gurren Lagann. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’être beaucoup plus critique et intolérant vis à vis de ce que je consomme.
Après c’est un problème inhérent à la manière dont sont produites les histoires au japon : les animés sont dérivés du manga ou du light novel (il n’y a presque plus de projets originaux), et le style de prépublication fait que, en tant qu’auteur tu peux difficilement faire de la planification de ton histoire. Prévoir des personnages, des plot twists venus de l’espace (à part dans Darling in the Franxx), bref, écrire quelque chose sur la longueur, et pas simplement par arcs narratifs. Bien sûr ça marche toujours pour les shonen, parce que c’est le genre qui veut ça, mais les shonen ne m’ont jamais réellement emballé (à part 2-3 exceptions au cours de ma vie d’otaku, genre, par exemple j’avais dévoré Hikaru no Go lors de sa diffusion)
Et ça m’effraie.
Parce que j’ai en mémoire une Sedeto, qui, il y a une dizaine d’années, me disait qu’elle n’aimait pas les gens blasés et aigris. Et c’est un peu ce que je suis en train de devenir, alors que pourtant j’adore l’animation japonaise. Mais pourtant, même dans les jeux vidéo cette lassitude me poursuit : par exemple j’ai terminé en ce début d’année la sage The Legend of Heroes: Trails of Cold Steel après 4 épisodes, et pfouah, j’ai rarement eu autant hâte que ça se termine, j’ai jamais eu autant hâte que ça se termine ! J’étais déjà je trouve assez tolérant du rythme pêté du jeu dans le premier volet, mais c’est aussi parce que j’avais fait une grosse pause au milieu, et aussi des clichés vus et revus aujourd’hui : merde quoi, le héros tombe littéralement sur l’héroine tsundere et lui touche la poitrine sans le faire exprès, mais il se fait traîter dans la boue bien évidemment ensuite.
Si avant j’étais un peu en mode « haha il va se faire défoncer », aujourd’hui j’aurais eu juste envie de lâcher ma manette et de balancer le jeu par la fenêtre. Le jeu a d’autres qualités, d’autres défauts, mais je me suis surpris à soupirer plus d’une fois. C’est aussi en partie ce qui m’a fait lâcher un jeu comme Atelier Ryza que j’ai pourtant acheté plein pot à sa sortie et où je n’ai guère que quelques heures de jeu.
Tout cela m’effraie car j’ai l’impression que plus rien ne me convient, que je cours après des chimères, après la nostalgie d’une époque où tout était plus passionnant. Mais si je revoyais certaines séries aujourd’hui je serais certain que je n’aurais pas la même tolérance vis à vis d’elles. Par exemple je me vois très mal remater Code Geass qui n’avait pour lui que le rythme et les surprises de son scénario. Par ce que pour tout le reste, on va dire qu’il y avait de quoi facepalm.
Je ne demande qu’à être surpris, émerveillé, emballé par une oeuvre comme je l’ai été pour Your Name ou The Wandering Inn. Je ne demande que ça, et j’ai du mal à trouver récemment.
J’ai conscience que ce billet ne sert probablement pas à grand chose mais j’avais envie que ça sorte, c’est à ça que sert ce blog, non ? 🙂
J’ai juste l’impression que la production japonaise d’histoires a beaucoup reculé. Ou est-ce moi qui me suis lassé ? J’ai l’impression que des gens de mon entourage ont atteint ce point bien plus tôt que moi, et ça me fait chier de ne plus avoir la même PASSION pour ces oeuvres que je ne l’avais il y a 10 ou 20 ans. Je ne perds néanmoins pas tout espoir : je trouve toujours des animés à regarder, mais juste moins qu’à une époque, et je suis beaucoup plus selectif. Reste à savoir si le problème vient de moi, ou de l’état de l’industrie actuellement…
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