J’adore les jeux vidéo
Cela fait des années que j’ai envie de faire ce billet, sans jamais trop oser m’y mettre. Il faut bien dire que le sujet est vaste et personnel, mais surtout, j’ai pas mal peur de ne pas pouvoir rendre justice à cet art qu’est le jeu vidéo. Art qui m’a beaucoup marqué, plus que je ne l’imagine sans doute.
Je vais probablement spoiler quelques vieux jeux en passant (genre 20 ans et plus) parce qu’il me paraît impossible de ne pas mentionner certains passages marquants de mes aventures vidéoludiques. Mais comme wordpress c’est mal fait, je ne peux pas cacher un bout de phrase seulement comme sur Discord donc vous devrez faire avec.
Mes premiers contacts avec le jeu vidéo.
Pour les deux du fond, je suis né en 1982. A l’aube du crash du jeu vidéo aux US en 83. Si j’ai touché à mes premiers jeux vidéo vers mes 4-5 ans. Bien évidemment j’étais trop jeune pour m’intéresser aux histoires dans mes jeux. J’étais là pour me détendre, voir des pixels bouger et écouter les bruits stridents. Il faut dire qu’à l’époque on ne s’embarrassait pas trop d’un scénario ou de personnages travaillés et charismatiques. Un jeu comme UFO 50 nous le rappelle avec son « faux » studio de jeu vidéo des années 80. Le travail sur les personnages de jeu vidéo n’est arrivé que vers la fin des années 80, lorsque les capacités techniques des machines permettait d’afficher plus de couleurs et plus de pixels. Mario et Sonic furent probablement dans les premiers à bénéficier d’une réelle histoire qui s’est construite au fil des différents épisodes de leurs jeux respectifs.
Je n’étais donc pas encore là pour m’intéresser aux personnages ou à leurs aventures en détail. Par contre j’étais déjà fasciné par les univers de ces jeux. L’imagination est un outil très puissant, souvent sous-estimé, et qu’il est facile de stimuler. Donnez à quelqu’un une belle illustration et il va être capable d’imaginer le reste, de broder autour. Comme à cette époque on avait pas encore d’univers travaillé pour chaque jeu vidéo, c’était à nous de le créer nous-même. Et dans la tête d’un gamin, c’était particulièrement excitant de s’imaginer barbare tranchant des têtes (coucou Barbarian) ou justicier de l’espace à bord de son vaisseau futuriste à tirer des lasers sur ses ennemis. C’était certes basique mais les images que je trouvais dans les magazines comme Tilt ou Amstrad Cent Pour Cent ne faisaient que donner davantage de carburant aux univers qui vivaient dans ma tête sans payer de loyer.

Comme vous le savez peut-être, je suis malvoyant de naissance, et le jeu vidéo, tout comme l’informatique de manière générale, a été une formidable porte ouverte à mon développement personnel. Là où d’autres enfants aimaient sortir, se dépenser dehors, moi ça ne m’attirait pas parce que je n’étais pas à l’aise dehors. Je ne voyais pas bien et la lumière du soleil m’aveugle, et forcément, pour moi c’était moins intéressant de courir après un ballon (que j’avais du mal à suivre) que d’attraper une manette et de faire bouger un personnage sur un écran, à me diriger dans des labyrinthes ou à sauter sur des plateformes. J’étais juste beaucoup plus à l’aise. Pour un gamin comme moi, le jeu vidéo était immédiat et plus accessible que de jouer avec des jouets physiques ou d’aller dehors. Oh j’ai eu mes périodes LEGO et Playmobil mais nulle doute que si Minecraft était sorti à mon époque, il aurait balayé ces briques et bonhommes en plastique.
Oh j’ai pourtant joué avec des copains et cousins en extérieur. Après tout à l’époque les consoles portables n’existaient pas vraiment (je n’ai jamais été attiré par la Game Boy à cause de son écran non rétroéclairé où je ne voyais rien au final. C’est ce qui m’a probablement fait manquer le train Pokémon), mais là où je me sentais le plus à l’aise c’était le jeu vidéo. Mes parents me laissaient même amener ma Megadrive quand on allait chez de la famille pour que je la branche sur la télé.
J’avais aussi des tas de livres, des BDs, des dessins animés sur cassette VHS (que j’ai beaucoup usées) mais rien ne me stimulait autant que le jeu vidéo et ce pour une raison très simple.
C’est moi l’acteur
On est acteur dans un jeu vidéo. C’est nous, le joueur, qui écrivons l’histoire, qui décidons si le personnage que l’on contrôle vit ou meurt. S’il sauve la princesse ou échoue lamentablement. Par nos actions, on change ce qu’il se passe dans l’histoire.
Et ça c’est grisant. Aucun autre médium ne le permet. Le plus proche est probablement la littérature avec les « Livres dont vous êtes le héros » qui offrent différentes histoires selon nos décisions. Un jeu de rôle sur table mais dont le maître du jeu n’est pas humain. Alors oui c’est plus limité, et si j’avais connu le jeu de rôle sur table à l’époque j’aurais sûrement adoré : mais je n’avais personne dans mon entourage qui pratiquait ça.
Oui c’était primitif. Il n’y avait finalement que deux possibilités dans le jeu vidéo : réussir ou échouer. Mais le simple fait que deux parties du même jeu pouvaient se dérouler de façon différente suffisait à me redonner envie de jouer au même jeu plusieurs fois alors même que je connaissais toute l’histoire.
Alors oui, à l’époque on avait aussi moins de nouveautés. On achetait un jeu tous les mois et encore, c’était quand on arrivait à convaincre les parents de lâcher 350 à 450 francs dans une nouvelle cartouche pour Megadrive. Je me souviens avoir acheté Flashback sur Megadrive parce que la version piratée du jeu que j’avais sur Amiga était buguée et on ne pouvait pas finir le jeu une fois arrivé à la dernière zone. Comme j’avais bien poncé le jeu, il ne m’a fallu qu’une après-midi pour en venir à bout une fois sur Megadrive. Mes parents étaient horrifiés que je puisse avoir déjà fini le jeu qu’ils venaient de m’acheter !
Pourtant j’y ai rejoué plusieurs fois malgré ça. Et il a servi de monnaie d’échange contre d’autres jeux parmi mes amis de l’époque ! Si Flashback se finissait en quelques heures quand on connaît le jeu, il était aussi difficile afin de rallonger sa durée de vie artificiellement. C’était une mode issue des jeux d’arcade très présents à ce moment-là : courts mais intenses. Imaginez en plus un peu le scénario : on joue un homme nommé Conrad qui s’enfuit d’un complexe à bord d’une moto volante avant de s’écraser dans la jungle d’une planète extraterrestre. Il se réveille amnésique, avec un message de lui-même comme seule indice. On se lance alors dans une histoire de science-fiction et de complot interplanétaire à démanteler.
Pour un gamin d’une dizaine d’années, c’était la folie. Je devenais le héros d’une histoire prenante et complexe, cinématographique même ! Il y en a eu d’autres avant, et il y en aura beaucoup d’autres après.
Le jeu vidéo fait alors son cinéma
Parler de Flashback me permet justement de parler de ce moment un peu charnière, vers la fin des années 80s, où le jeu vidéo a commencé à côtoyer le cinéma et l’animation un peu plus frontalement. Oh il y a eu des essais avant, bien sûr. Des jeux interactifs comme Dragon’s Lair ou Space Ace permettaient déjà d’interagir avec un véritable film à l’écran même si c’était très sommaire (on appuie sur une touche au bon moment pour déclencher la suite du film), ça restait plutôt impressionnant.
Je n’avais pas vraiment connu ces jeux-là vu que les adaptations pour micro-ordinateurs de cette époque n’étaient pas trop à la hauteur, mais quand j’en voyais des images, dans les magazines ou à la télé (quand Micro Kid’s passait sur France 3 le dimanche matin) ça faisait grave rêver. Oui le gameplay de ces jeux était aux fraises, mais graphiquement c’était sans commune mesure avec ce qu’on avait à la maison.
C’est donc à cette époque que les jeux deviennent plus beaux et plus cinématographiques qu’avant. On commence à avoir des « intros », ces séquences cinématiques en début de jeu. Cela en devient un art qui se poursuivra jusqu’au milieu des années 2000. On démarre le jeu, bam, on est subjugué par une longue vidéo posant le décor du jeu auquel on va jouer, parfois avec une musique entraînante ou une mise en scène incroyable.
C’était le niveau 2 de la stimulation de l’imagination. Je me souviens avoir voulu écrire des fanfictions (avant de savoir que c’était des fanfictions) sur mes jeux préférés. Sur Amiga il y avait des jeux comme Moonstone, Première, Another World, Flashback, Syndicate ou Croisière pour un Cadavre… jeux qui proposaient un univers captivant et une mise en scène novatrice pour l’époque.
Another World c’était le proto-isekai de scientifique qui se fait téléporter dans un monde hostile après avoir fait tourner une expérience un soir d’orage. L’animation en 3D sur Amiga c’était du jamais vu.
Première c’était un réalisateur fatigué qui se fait voler les bobines de son film et qui doit les récupérer… Toutes ces introductions de jeux sont légendaires et ont bercé mon adolescence.
Démarrer ces jeux, sur Amiga, PC ou Playstation, et regarder ces séquences faisait partie intégrante du plaisir du jeu vidéo. Les intros c’était de l’art, et ça donnait une dimension épique à chaque jeu. Soul Edge, Tekken, Ridge Racer Type 4, Wild Arms, Final Fantasy VII, VIII, Metal Gear Solid… autant de grands titres aux intros encore imprimées dans ma mémoire jusqu’à la fin de mes jours. Bon sang, l’intro de Soul Edge ou de Final Fantaxy VIII c’était le feu. Parfois je laissais tourner l’intro de Soul Edge en continu dans la console. Impossible de s’en lasser, et encore aujourd’hui je trouve qu’elle a beaucoup d’impact.
Cette envie du jeu vidéo de côtoyer le cinéma est liée bien sûr à l’envie de l’industrie de se légitimiser, à une époque où, comme toute nouvelle activité jeunesse, était vue d’un mauvais oeil par les parents ne comprenant pas ce que cela apportait à leurs progéniture. Heureusement que ça n’aura pas duré longtemps. Le manga est arrivé après pour occuper les bien-pensants et les parents un peu trop inquiets en France
J’avais la chance d’avoir des parents qui soit s’en foutaient, soit étaient juste contents que leur enfant handicapé se passionne pour quelque chose. Ou peut-être un peu des deux.
Quelques autres intros mythiques (pour moi en tous cas) :
Marqué à vie
Alors que la fin des années 80 était marquée par l’Amiga et la Megadrive en ce qui me concerne, les années 90 elles ont eu le PC et la Playstation, et un peu la Saturn par un bon ami.
Les jeux deviennent plus gros, plus complexes, et aux histoires et personnages encore plus travaillés. Fin 80s on parlait de Mario et Sonic, mais l’histoire du jeu vidéo a vu d’autres grandes icônes qui m’ont fait chavirer dans mon adolescence : Lara Croft de Tomb Raider, le trio Cloud Aerith et Tifa de Final Fantasy VII, Snake de Metal Gear Solid, Jill Valentine et Claire Redfield de Resident Evil, Alucard de Castlevania Symphony of the Night, Gordon Freeman de Half-Life, Duke Nukem, Guybrush Threepwood de Monkey Island, Axel et Blaze de Streets of Rage, Ryu et Ken de Street Fighter 2… Je pourrais vous en citer des tonnes et des tonnes et des tonnes encore ! Si vous avez joué à des jeux de cette époque, certains de ces noms vont forcément évoquer quelque chose pour vous, et c’est bien normal. Je ne parle que des plus connus mais il y en a bien d’autres qui m’ont marqué. Gremio ou Viktor dans Suikoden, ou encore les personnages de Final Fantasy Tactics…

De cet attachement à ces personnages est né quelque chose d’encore plus fort en moi. Tous ces personnages c’étaient mes héros. Je vivais des histoires à travers eux en les incarnant. Loin des avatars des jeux de mon enfance, ceux-là avaient une histoire, des sentiments et des désirs, parfois même une voix. Quand Claire sauve la petite Shirley et cherche un remède à son infection dans Resident Evil 2, quand Snake se bat contre Sniper Wolf sur un champ de bataille enneigé dans Metal Gear Solid, quand Gremio se sacrifie pour aider le héros à sortir de la prison dans Suikoden, quand Squall danse avec Rinoa dans Final Fantasy VIII à la fête de Balamb Garden, et bien sûr, bien sûr… quand Aerith meurt des mains de Sephiroth dans Final Fantasy VII. Le plus gros spoiler de tous les temps du jeu vidéo, qui n’en est finalement plus un tellement il est comparable au fait que Dark Vador est le père de Luke dans Star Wars. Et un autre moment marquant même s’il arrive plus tard : le salut de Otacon et Snake lorsque le Big Shell coule dans Metal Gear Solid 2.
C’est juste quelques moments auxquels je pense de tête en écrivant ces lignes. Mais il y en a tellement d’autres, diffus dans ma mémoire, qui mériteraient d’être cités, certains même encore très récents.
Bref, le jeu vidéo avait pris de l’ampleur. En tant que joueur on se retrouvait confrontés à des situations inédites qu’on ne pouvait pas vivre dans la vraie vie, ni même en lisant un bon bouquin ou en matant un bon film. Piloter un avion de chasse ou un bolide sur des circuits, mener une révolution, gagner une guerre ou voir un être aimé mourir dans nos bras, danser sur de la musique électronique face à un robot géant voulant asservir l’humanité, rapper pour aller aux toilettes, sauver le monde (au moins une centaine de fois), sauver l’univers tout entier (au moins une centaine de fois aussi), secourir une princesse, vaincre des divinités, résoudre des meurtres, repousser une invasion extraterrestre… A chacun de ces hauts-faits est associé une histoire, des personnages, des situations qui restent ancrées dans la mémoire du joueur que je suis, simplement parce que je peux me dire que je les ai vécues.
J’ai été proche de ces personnages, comme un esprit dansant autour d’eux, partageant leurs moments de joie comme de tristesse. La mort d’Aerith m’a hanté de longues nuits, et même en refaisant Final Fantasy VII plusieurs fois je n’ai pas pu m’en défaire. Je m’attache très facilement à des personnages, la faute sans doute à une empathie un peu trop présente en moi, ce qui décuple l’impact émotionnel que des moments forts peuvent avoir sur moi.
Reposer la manette après avoir vaincu le dernier boss d’une aventure palpitante qui m’aura fait me coucher à 3 heures du matin, ou après avoir sauvé le monde d’une guerre nucléaire… tout ça, c’est des choses que j’ai vécues. C’était à travers un écran, mais ce sont des évènements que j’ai vécu de près dont je me souviens encore aujourd’hui, des dizaines d’années plus tard. J’ai ressenti quelque chose.
Google Translate, avec quelques remaniements :
Le monde est sauvé
Le salon est sombre, à l'exception de la lumière projetée
par le grand écran de télévision et du lever de soleil imminent
qui taquine le ciel autrefois étoilé
de ses murmures matinaux.
Tu es assis là, seul, dans ton deux-pièces.
Tu regardes droit devant toi, manette en main
et tu t'émerveilles : OUI ! Tu as réussi. Tu as réussi.
FIN DE PARTIE.
Et le monde est sauvé, grâce à toi.
Le peuple a prié pour un héros
et tu as répondu à l'appel
et tu as fait du bon boulot,
Tu as donné le meilleur de toi-même,
et tu es fier de toi
bien qu'un peu déprimé
que le monde soit sauvé.
Tu as fait tes provisions et tu t'es préparé.
Tu as dormi à l'auberge.
Tout ton inventaire était rempli
d'équipements et d'objets conçus
pour faire de l'homme une légende.
Tu soupires, satisfait, tandis qu'une cinématique présente
le genre de conclusion que tu attendais plus ou moins ;
Les gens sourient,
le soleil est revenu,
c'est... Parfait.
Mais tu ne peux pas t'empêcher de penser
à ce qui va suivre.
Tu as du travail ce matin et ton corps est perturbé
par ton manque général d'attention.
Ton estomac est vide, ton corps est fatigué.
Ça brûle à chaque fois que tu essayes de fermer les yeux
et une douleur sourde a élu domicile
au nord de ton cerveau.
Mais le monde est sauvé, si on veut.
Le héros raccroche son épée
en disant au revoir.
Mais où va-t-il alors ? Que fait-il ?
L'aventure est terminée,
alors où cela te mène-t-il
une fois le monde sauvé ?
Le rideau tombe.
La musique joue.
Le générique défile et tout devient noir...
Et tu te retrouves seul.
La fanfare s'est éteinte.
Il n'y a pas de Joueur 2 à tes côtés
pour partager les victoires remportées.
Mais alors que tu avances lentement
dans le couloir jusqu'à ton lit,
quelques grands événements
te reviennent en mémoire.
Du temps passé
à parcourir le pays,
à combattre le mal, à combattre les ténèbres,
l'épée à la main.
Tes souvenirs s'insinuent
avec un léger sourire.
Tu réalises à nouveau
ce que tu as perdu pendant un moment.
Tu vas beaucoup moins penser
à la façon dont tu as sauvé la situation
qu'à toute
l'expérience acquise.
Au final, les joueurs jouent à ce qu'ils jouent
non pas pour la FIN DU JEU,
mais plutôt pour ce qu'ils en retirent !
Le monde est sauvé !
Mais qu'importe !
Nous savons tous les deux que ce n'est pas pour ça que tu es venu.
Ta prochaine aventure est déjà en vue
et tu es prêt à partir
tu as hâte de voir
ce qui ne va pas pour corriger le tir
et que le monde soit sauvé..
.
Mais tu es plus partant pour une balade.
Tu es plus partant pour une balade.
Tu es plus partant pour une balade.
tu es plutôt là pour une balade.
Le jeu vidéo m’a aidé à rêver. Il m’a transporté dans des univers familiers comme un bon vieux Grand Theft Auto, ou exotiques comme un Xenogears, ou un Atelier Iris.
Le jeu vidéo m’a aidé à me construire à travers toutes ces histoires durant mon adolescence et ma vie de jeune adulte. Il m’a fait vivre de nombreux moments forts qui restent à jamais gravés dans ma mémoire. Que ça soit la fin de Xenogears ou de Portal, chaque aventure m’a appris quelque chose sur moi-même et m’a fait vibrer. Même des jeux pourtant très niche comme Eve Burst Error (un visual novel où on joue alternativement un détective et une agente du gouvernement qui enquêtent sur des affaires qui n’ont rien à voir mais qui finissent par être liées) arrivaient à m’émouvoir de par leur écriture et leur mise en scène pourtant cheap. J’étais tellement chamboulé par la fin que j’avais pour projet d’écrire une fanfiction, c’est vous dire ! Il faudrait que je le refasse tiens. Une version Vita/Switch est ressortie y’a pas longtemps mais hélas uniquement en japonais, et ça c’est triste.
Attention l’intro contient un peu de fanservice des années 90 (lisez : plans culotte sans intêret)
Petite parenthèse rigolote sur ce jeu, mais la traduction anglaise de l’époque (mi-90s) trempait tellement dans son jus que ça faisait des blagues sur l’affaire Clinton-Lewinsky tout le temps.
Aujourd’hui j’arrive à faire ressortir ces souvenirs de ma mémoire de joueur simplement en écoutant la bande son de tous ces jeux. Je n’ai pas vraiment parlé de l’aspect sonore du jeu vidéo mais le succès des concerts de musiques de jeu vidéo témoignent bien que ces musiques et les jeux qu’elles représentent ont marqué différentes générations. Ces frissons que je ressens en écoutant certaines musiques de Bravely Default me remettent directement dans le bain de ces combats endiablés parfois gagnés sur le fil du rasoir après une bonne demi-heure à en baver sur le boss, à épuiser mes sorts et mes potions pour me garder en vie.
Les histoires c’est bien gentil, mais tout le reste ?
C’est quoi tout le reste au juste ? Le gameplay ? Est-ce que le jeu vidéo m’a appris des choses pratiques dans la vie ? Oui et non. Je n’oserais pas me présenter comme avocat de la défense parce que j’ai fini une grande partie des jeux Phoenix Wright ! Si au début de ma vie le JV m’a apporté du divertissement et un moyen de se défouler, il m’a aussi appris à réfléchir, à me dépasser, mais aussi à jouer à plusieurs et à coopérer dans un jeu (je pense que mon premier souvenir de coopération doit être sur Streets of Rage), mais aussi à réfléchir.

Avec l’âge mes goûts en matière de jeu ont changé. Si a une époque j’adorais les jeux de plateforme et d’action, c’est aujourd’hui un genre que j’aime moins. Avec l’arrivée du PC et des jeux plus complexes que sur console j’ai appris à aimer des jeux de stratégie comme Civilization, Dune 2, ou Theme Park. Des jeux somme toute assez basiques (bon à part Civ) mais qui convenaient parfaitement au jeune ado que j’étais. Planifier, prendre des décisions, peser le pour et le contre, faire des compromis, apprendre à sacrifier des choses pour obtenir autre chose… c’est un genre de jeu qui m’a accompagné un long moment et qui continue de m’accompagner aujourd’hui, que ça soit avec Civilization VII ou Stellaris.
Les jeux d’aventure de l’époque m’ont aussi permis de réfléchir pour résoudre des problèmes en mettant mon esprit de logique à l’épreuve (je suis toujours un peu mauvais à ça). Chaque type de jeu apporte quelque chose à quiconque y joue, ne serait-ce que de la coordination entre ses yeux et ses mains ! Et c’est une qualité du jeu vidéo qu’on sous-estime beaucoup.
Le pouvoir de la création
Le jeu vidéo mine de rien ça motive pas mal et même si j’avais déjà une apétance pour l’informatique au sens général, c’est souvent le jeu vidéo qui m’a poussé à me dépasser et à apprendre le fonctionnement du PC, avec son DOS et son Windows de l’époque qui n’avaient aucune pitié pour les joueurs occasionnels. Aujourd’hui il y a tellement eu de progrès en ergonomie et en simplifications que les ordinateurs sont d’une grande simplicité. Et c’est cool ! Mais dans les années 1990 à 2010 ça a donné une motivation à beaucoup pour se former à cet outil et apprendre comment il fonctionne. Parfois il fallait redoubler d’ingéniosité pour faire fonctionner des jeux.
Et même, une fois j’avais été privé de PC parce que j’avais de trop mauvaises notes. On m’avait retiré le clavier. Pour palier à ça j’avais modifié le fichier AUTOEXEC.BAT qui servait à initialiser le système DOS à l’époque et à lancer des programmes pour configurer la souris et autres pilotes de périphériques comem la carte son ou le lecteur de CD. J’y avais ajouté un petit message « Appuyez sur un touche sinon ça va lancer The Settlers. » avec un timer qui attendait 30 secondes. Une fois le délai dépassé, l’ordi lançait tout seul The Settlers, jeu de stratégie qui se jouait uniquement à la souris. Pas besoin de clavier !

Au delà de tous ces bidouillages, le jeu a aussi motivé la création chez moi. Très tôt avec le jeu DOOM j’avais cherché à faire des niveaux pour ce dernier (sans succès, je n’avais ni les bonnes docs ni les bons outils). Plus tard j’avais récidivé avec Duke Nukem 3D et son moteur Build, et là j’avais réussi à faire quelques niveaux. Non seulement ça m’a appris à décortiquer un manuel, suivre des instructions, mais aussi… l’anglais ! Et aujourd’hui c’est difficile pour quelqu’un d’apprendre l’anglais grâce à ce qu’il trouve sur Internet : beaucoup de contenu est traduit d’office en français, ou on peut le faire traduire facilement, alors qu’avant quand on avait des sites web en anglais, il fallait les lire en anglais !

J’épluchais les CD-ROM livrés dans les magazines de jeu vidéo et d’informatique (et parfois j’achetais le magazine uniquement pour son CD-ROM offert, d’ailleurs) pour trouver de nouveaux niveaux et extensions amateur (mods) pour mes jeux préférés. On trouvait aussi des éditeurs de niveaux, de missions, des outils pour modifier les jeux… Quand on avait pas encore Internet c’était tellement chouette d’avoir cette fenêtre sur le monde à travers les magazines qu’on achetait. On se rendait compte qu’il y avait, en fait, des milliers de gens qui avaient la même passion que nous, mais ils étaient inatteignables…

C’est ainsi que j’ai fait mes premières armes en créant des petits jeux avec Klik & Play, une sorte de moteur de jeu simples (genre shoot, casse-brique, etc.) où tout se faisait sans code. J’ai plus tard essayé de faire un JRPG avec Visual Basic mais hé, c’était pas vraiment fait pour et je sous-estimais ce que ça impliquait, bien évidemment. Aujourd’hui on a les RPG Maker pour ça.

Le pouvoir de l’amitié
Justement, le truc c’est qu’à ce moment là je n’avais que très peu d’amis. Genre, 3-4 à tout casser, entre mes amis d’enfance et deux potes de collège avec qui je parlais beaucoup de PC et avec qui je partage d’excellents souvenirs, on ne peut pas dire que le jeu vidéo m’ait fait rencontrer des gens. Ni même que j’étais un papillon social en puissance, d’ailleurs.
Mais ça ça a changé avec deux choses qui sont arrivées un peu au même moment :
Les LAN Party
Ou parfois dites les « parties en réseau ».
J’avais un ami du collège avec qui je parlais encore au lycée qui m’a présenté des potes à lui avec qui ils faisaient ce qu’on appellait une LAN party. Ce terme est aujourd’hui tombé en désuétude sauf pour quelques dinosaures comme moi qui en organisent encore avec de vieux potes. Ca consiste à prendre son PC, écran, tour, etc. et à venir chez quelqu’un avec suffisament de place (et des parents arrangeants) pour s’y installer le temps d’un weekend voire plus et jouer le plus longtemps possible.

C’est ainsi que j’ai commencé à rencontrer des gars chauds de ma région(tm). Des gens, qui comme moi étaient barrés jeux vidéo et informatique. On parlait soudainement le même langage, on se reconnaissait, on comparait notre matériel et ce qu’on savait faire en jeu vidéo. Il y avait une vraie ambiance de franche camaraderie. On s’entraidait pour tout et n’importe quoi, on s’échangeait moult fichiers et jeux… Et tout ce beau monde grandissait au fur et à mesure car quand on organisait une LAN party on essayait de faire venir le plus de monde, et du monde nouveau. Découvrir de nouveaux joueurs à chaque nouvelle edition était super excitant. C’est ainsi que j’ai rencontré des gens avec qui je joue et partage encore régulièrement aujourd’hui.
Internet a rendu les LAN party obsolètes, mais une fois par an nous on aime toujours se voir le temps de 4 jours à faire du jeu toute la journée, manger et regarder des films ou séries ensemble, et juste passer un agréable moment de convivialité loin des aléas de la vie.

Encore une fois merci à mes parents qui ont pas bronché trop en voyant passer des squattage de leur salon ou de leur garage pendant plusieurs jours afin qu’on puisse s’amuser.
Sans le jeu vidéo et les LAN party je n’aurais jamais participé à la SLF (pour Saturday LAN Fever) 10.

C’était LAN party crée par une asso dont j’avais été membre fut un temps. Durant cette rencontre régionale où on était 400 joueurs entassés dasn un gymnase avec nos PCs, on a participé à un tournoi de FPS (first person shooter, un jeu de tir quoi) nommé Unreal Tournament 2004. On était 6 dans notre équipe. Ce jeu, auquel on jouait beaucoup à l’époque (c’était un de nos titres phares quand on se voyait) avait un mode de jeu où il fallait partir d’une base aux coins opposés de la carte, capturer des points de contrôle qui étaient reliés par des liens visibles sur la carte. Pour prendre un point de contrôle il fallait avoir un lien établi avec celui-ci au moyen d’un autre point de contrôle. Ceci avait pour effet d’établir une « ligne de front » puisque ça ne servait à rien d’essayer de capturer un point ennemi s’il n’était pas déjà relié à un point allié.
Durant le week-end nous avons donc battu une équipe après l’autre jusqu’à nous hisser en finale du tournoi. Jusqu’ici nous n’avions jamais gagné le premier prix de ce genre de tournoi. La finale s’est jouée sur Dria, une carte réputée difficile car il y a deux fronts possibles pour atteindre la base adverse.

En plus cette fois, nous avions des rivaux et amis en face, qu’on connaissait bien et surtout qui étaient de très bons joueurs. Individuellement, ils étaient bien meilleurs que la plupart d’entre nous, surtout moi dont les jeux de tir n’a jamais été mon fort, handicap oblige. Mais je pouvais me rendre utile pour mon équipe sans problème selon l’arme que j’utilisais ou le véhicule que je pilotais. Reste que ce match a été d’une intensité folle. J’avais déjà fait de la simple compétition avant mais là c’était carrément du délire. Si on était objectivement moins bons que ceux d’en face, on a réussi à tirer notre épingle du jeu grâce à une excellente communication et une répartition du terrain impeccable. Si on a gagné le premier round, puis perdu le second, la partie était tellement serrée sur le troisième round qu’une action décisive à réussi à faire pencher la balance légèrement en notre faveur. Si bien que lorsque la mort subite a sonné (personne n’avait gagné au bout de 20 minutes d’échanges de feu nourri), les deux bases commencèrent alors à perdre de la vie petit à petit jusqu’à ce que l’une des deux atteigne zéro. C’était extrèmement serré mais à un moment, nos adversaires nous ont « laissé » prendre un de leurs points annexes, mais pendant même pas 30 secondes. Seulement, cela à accéléré leur perte puisque leur base a commencé à perdre des points de vie plus rapidement que la nôtre. Lorsque leur « core » est arrivé à 0, le nôtre n’avait plus que 4 ou 5 points de vie (sur 100 initiaux.)

C’est la première fois (et la seule d’ailleurs) où j’ai gagné un tournoi de jeu vidéo. Un souvenir mythique, où l’adrénaline a laissé place à l’euphorie d’avoir accompli quelque chose d’énorme en équipe. C’est une sensation unique, qui peut bien sûr se retrouver dans tout sport compétitif, mais pour quelqu’un d’handicapé comme moi, c’était impensable que l’équipe dont je faisais partie gagne un tournoi de cette envergure.

Même si à mes débuts en multijoueurs sur ordinateur, je m’en foutais un peu de mon handicap, c’est avec l’âge que je me suis rendu compte que c’était justement, un vrai handicap. C’est vraiment récemment (y’a quelques années) que j’ai réalisé ça. Avec l’avènement de jeux à « rôles », comme Team Fortress 2, League of Legends ou Overwatch où chaque joueur peut endosser un rôle spécifique dans son équipe (soigneur, défenseur, attaquant, etc.) je me suis naturellement tourné vers les rôles où j’étais le plus efficace et où j’avais le moins besoin de viser. On peut parler de rendre le jeu accessible à tous, dans un sens. Un personnage comme Lucio dans Overwatch m’a permis de me sentir intégré à une équipe puisque c’est un personnage de soins et qu’il émet une « aura » autour de lui. Je n’ai pas besoin de viser mes alliés pour les soigner, juste être près d’eux suffit. Mercy est un autre personnage du même genre avec son rayon flexible qui soigne les alliés.
Cette sensation, d’être utile, de se sentir utile, je n’aurais pas pu réellement la ressentir avec un sport du monde réel. De là à qualifier le jeu vidéo de sport, c’est un pas que je ne franchirai pas, mais vous saisissez sûrement l’idée derrière : participer à la réussite d’un groupe, c’est quelque chose de grisant, et dont je reparlerai juste après.
Bref, les LAN ont été ma première ouverture sur le monde, et c’était grâce au jeu vidéo. Ca aurait pu être n’importe quel autre hobby vous me direz. Mais pour moi c’était celui-là. Le manga et l’animation m’aideront aussi un peu plus tard grâce aux conventions.
Internet
Avec l’arrivée d’Internet en France (et pour moi à partir du début des années 2000s) est arrivé le jeu en ligne. Je n’ai pas pu m’y adonner tout de suite parce que j’ai eu l’ADSL très tardivement (2004, avec un petit passage en 2002-2003 pendant mes études supérieures) et AOL illimité en 56k c’était pas la folie pour un grand nombre de jeux (la latence était sacrément élevée pour du jeu d’action). Mais j’ai été attiré par le jeu en ligne très rapidement, ne serait-ce que pour prolonger les LAN Party en dehors de la nécessité de se retrouver physiquement au même endroit. Surtout que ça devenait plus compliqué maintenant que certains d’entre nous entraient dans la vie active et devaient gérer leur vie, déménager loin, etc.

Qui dit jeu multijoueurs dit communauté, et si au début j’étais plutôt reservé sur l’idée de jouer avec des inconnus (parce que j’avais mon handicap et j’avais peur de devoir expliquer pourquoi j’étais nul ou pourquoi j’avais fait de la merde dans une partie en coopération par exemple), j’ai rencontré des « inconnus » ou presque d’abord sur Phantasy Star Online, puis sur Eve Online. Ouais il fallait mettre Online partout dans les noms de jeux à l’époque quand on voulait que ça soit un jeu en ligne massivement multijoueurs.
Je parle d’Eve Online car c’est probablement celui qui m’a le plus fait socialiser. J’ai joué à d’autres jeux en ligne avant mais chaque fois avec des amis que je connaissais déjà au préalable. C’était toujours cette peur du handicap qui me rendait méfiant à l’idée que je puisse foutre en l’air une manoeuvre coopérative. Je vous rassure, avec les années j’en ai plus rien à foutre maintenant. Surtout depuis que dans des jeux comme Final Fantasy XIV Online (en ligne, donc) on m’a félicité d’être arrivé aussi loin malgré ma malvoyance, et où j’ai pu rencontrer des tonnes de joueurs hyper compréhensifs dés que je leur raconte que je me suis planté parce que j’y vois pas bien. Vous avez aucune idée à quel point ça fait du bien d’entendre ce genre de choses quand on s’imagine trouver une communauté de joueurs réputés toxiques. Oui les gamers ont une mauvaise réputation, mais ça dépend énormément des jeux et de la communauté à laquelle on se frotte aussi.
C’est une des raisons pour lesquelles j’aime bien Final Fantasy XIV. Dans sa grande majorité, sa communauté de joueurs est bienveillante et chill. On est là pour passer un bon moment, et il y a une vraie absence de friction entre les joueurs. Bon il y a bien quelques brebis galeuses dans le lot, mais hé. C’est comme partout.
Eve Online, allez.
Mais revenons à Eve Online ! Car c’est un pan important de ma vie de joueur. Je m’y suis mis au tout début du jeu, puis j’ai revendu le compte à un pote, puis j’ai recommencé entre 2005 et 2007 avec mon groupe d’amis de longue date. On a d’abord fait notre petite guilde dans notre coin, et à un moment on a eu envie de voir les choses en plus grand. C’est là qu’on a rejoint une autre guilde qui faisait partie d’une plus grande alliance. Une alliance francophone nommée la Tau Ceti Federation. Eve Online est un jeu unique dans lequel les joueurs peuvent mener la vie de leur choix : chasseur de l’espace, marchand, mineur, transporteur, logisticien, explorateur… il y a énormément de possibilités, mais le plus important c’est que Eve est un bac à sable. Il n’y a que très peu dec contenu crée par les développeurs comme un jeu « parc d’attractions » comme Final Fantasy XIV ou World of Warcraft. L’élément central dans Eve c’est que le marché est géré par les joueurs. Il y a très peu d’objets, de vaisseaux, ou d’équipements qui sont vendus par des entités non-joueurs. Chaque vaisseau, chaque élément du jeu peut être construit par les joueurs et vendu par ceux-ci. C’est ainsi qu’il existe un contrôle des ressources pour produire ces objets et donc il faut se battre pour contrôler ces ressources.

Tau Ceti Federation (a lire aussi, un vieil article du wiki de Eve) possédait un petit (comparativement à d’autres alliances) territoire et on faisait partie d’une bien plus grande alliance de joueurs du monde entier, car Eve a aussi cette particularité de n’avoir qu’un seul serveur de jeu pour tout le monde (à part la Chine qui est sur son propre serveur.) C’est là que le jeu est devenu « sérieux » pour nombre d’entre nous, car soudainement nous avions des obligations vis à vis de l’alliance. Il fallait rapporter de l’argent à celle-ci via des taxes (en échange de quoi on pouvait bénéficier du territoire qui nous était octroyé) et participer aux opérations militaires et industrielles. Parfois c’était simplement escorter un convoi de transport de marchandises pendant une soirée. Parfois c’était aller chasser les malheureux qui s’aventuraient sur notre territoire. Parfois aussi c’était de vastes opérations militaires nous amenant jusqu’à un chantier spatial ennemi, en plein coeur de leur territoire, pour y détruire un énorme vaisseau avant qu’il ne soit achevé.
Ces opérations pouvaient nous être révélées au dernier moment, le vendredi pour le soir même. Et on devait prendre notre meilleur vaisseau armé jusqu’aux dents et faire route tous ensemble vers les lignes ennemies. C’est sans compter sur les personnes qui s’occupaient de la logistique, de ramener du ravitaillement en équipements, vaisseaux de rechange et munitions pour le reste de la petite armée. Sur Eve il y avait de la stratégie à court, moyen et long terme, et chacun y avait sa place car même les « petits » joueurs pouvaient aider à leur manière. Par exemple les gros vaisseaux étaient souvent vulnérables face aux petits qu’ils avaient du mal à viser. Cela donnait aux débutants dans le jeu un moyen de se rendre utiles.
Il y a des tonnes de souvenirs de Eve que je peux citer tellement ils ont été forts en sensations. Déjà le fait d’être des dizaines voir des centaines à travailler vers le même objectif, l’adrénaline qui se propage quand une bataille s’engage et qu’il faut écouter le chef de flotte donner ses ordres… C’était limite militaire et un deuxième job pour moi, mais quel job ! J’ai été promu chef de la guilde dont on faisait partie et j’ai donc fait partie intégrante de cette fédération de joueurs, même si ma guilde était toute petite comparée aux vrais acteurs de ces conflits.
Vous vous en doutez, on a tous plus ou moins arrêté au même moment quand on nous en demandait trop et que ce rythme de jeu, qui monopolisait parfois des week-ends entiers, de vendredi soir à dimanche soir sans interruption, était devenu incompatible avec notre vie.
Cependant, cela n’efface pas ces sensations grisantes et ces histoires que je peux encore partager avec plaisir. Car tout comme ces moments intenses en jouant en solitaire dans ma chambre d’adolescent dans les années 90, Eve Online m’a montré ce que c’était d’être plusieurs à aller vers un but commun, à s’entraider, à être un maillon d’une plus grande chaîne solidaire… J’y ai vécu des instants inoubliables dont je me rappelle encore avec un grand sourire, et si aujourd’hui je ne souhaiterais pour rien au monde retourner dans le jeu, il m’a tellement apporté et m’a tellement appris que je n’en ai aucun regret. J’ai appris notamment à bâtir quelque chose dans un groupe, à gérer ce groupe, recruter des gens, les virer aussi, gérer des conflits, organiser des sorties, prendre des décisions et juste faire de mon mieux pour que tout le monde passe un bon moment et qu’on réussisse tous nos objectifs.
Aucun autre jeu ne m’a apporté cette satisfaction.
Oui enfin y’a eu d’autres jeux aussi quand même Axel.
Ah oui, mais pas comme Eve.
Après j’ai eu ma période Team Fortress 2 avec moult gens. J’ai rencontré plein de monde grâce à ce jeu aussi, des gens que je connais encore aujourd’hui et avec qui je passe de bons moments.
Team Fortress 2 m’a apporté aussi beaucoup, que ça soit des soirées endiablées à faire les idiots, ou parfois à se prendre la tête pour des conneries… Oui, les relations ne sont pas toujours évidentes avec des batailles d’ego ou des gens qui croient que tout leur est dû et qu’ils peuvent faire leurs divas sans conséquences. Tout ça m’a aussi appris à ne plus être forcément un « bisounours ». Ca m’a endurci et quelque part j’y ai laissé une partie de moi que je regrette. J’ai découvert que je ne pouvais pas sauver tout le monde ou faire en sorte que tout le monde s’apprécie. Mais ça, ce n’est pas le propre du jeu vidéo : reste que c’est par ce biais que j’ai appris ce genre de leçons, qui sont tout aussi importantes que le reste.
Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui je joue toujours, que ça soit en solo ou à plusieurs. On fait des jeux co-op avec des amis parfois le soir, ou on se retrouve sur Final Fantasy XIV Online, auquel je me suis remis l’an dernier avec la sortie de sa dernière extension.
Si les rendez-vous hebdo sur Final Fantasy XIV sont sympa pour retrouver ses amis (de la vraie vie), j’y ai aussi récemment socialisé grâce à des night clubs crées par d’autres joueurs. Les gens y dansent, s’amusent, jouent à des jeux (dans le jeu), se lient d’amitié, voire plus. Moi qui ne suis presque jamais allé en boîte (deux fois dans ma vie peut-être) c’est une expérience assez nouvelle. Surtout, je me suis rendu compte que nombre de joueurs participant à ces évènements y sont aussi parce que ces jeux en ligne, où on rencontre d’autres personnes via leur personnage leur permet d’être qui ils veulent être.
Et pouvoir être qui on veut, au moins dans un jeu vidéo, c’est quand même génial.
Il est temps de conclure.
Cet article n’a que trop duré, et si vous lisez cette phrase, je vous remercie d’être resté jusqu’au bout. J’avais envie de parler de tout ça.
Aujourd’hui le jeu vidéo n’est pas qu’une passion pour moi, c’est une partie de ma vie. Il m’a accompagné et a grandi avec moi. C’est aussi un art et une industrie aujourd’hui. Une industrie à laquelle je m’intéresse beaucoup en consommant de nombreux articles de presse ou de documentaires à son sujet. Je m’intéresse aussi de facto beaucoup à l’histoire du jeu vidéo. Chaque jeu vidéo raconte une histoire mais a aussi une histoire à lui, avec des femmes et des hommes qui ont sué sang et eau pour créer.
Aujourd’hui cette industrie est dans un mal profond, victime de licenciements en pagaille et de fermetures de studios injustifiées. C’est triste et j’ai l’impression que l’âge d’or du jeu vidéo est déjà derrière nous. Difficile d’être optimiste pour l’avenir quand on voit ce qu’il se passe dans l’industrie (et le monde aussi, évidemment) mais ce que tous ces gens passionnés créent pour nous, les joueurs, nous permet aussi de surmonter des moments difficiles, de découvrir des choses sur nous-mêmes ou de surmonter nos peurs et nos angoisses. Ou, tout simplement, de trouver un refuge confortable en temps de crise. Et je trouve qu’on est jamais réellement reconnaissant pour tout ce que les jeux vidéo (et ceux qui les créent, par extension) ont pu nous apporter.
Tout le monde a eu son « jeu du confinement » lors de la crise COVID : un jeu qui l’a accompagné alors qu’il n’y avait pas grand chose à faire chez soi et qu’on ne pouvait pas sortir. C’était aussi un moyen pour certains d’interagir entre eux, quand les interactions physiques étaient proscrites. Pour beaucoup ça a été Animal Crossing sur Switch qui a permis de passer cette épreuve.
Je vais pas revenir sur tout ce que le jeu vidéo m’a apporté, cet article en atteste déjà. Je finirai juste sur un énorme
MERCI
Merci à tous les gens qui ont donné de leur temps et de leur amoure pour créer toutes ces oeuvres qui ont bercé ma vie. Je ne serais pas la même personne sans le jeu vidéo.
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