Les mots me manquent pour qualifier Final Fantasy Tactics tellement ce jeu évoque des souvenirs inéffaçables chez moi. C’est là qu’on se rend compte que les choses ont changé en 10 ans. Le nombre de RPGs qui foulent le sol Européen sont de plus en plus nombreux, et égalent bien souvent les sorties Américaines.
Petit rappel historique quand même.
Il y a dix ans, c’était l’époque de la Playstation 1, oui, la toute grise qu’il fallait mette en biais pour que le lecteur optique, à l’époque tout pourri (enfin Sony ne change pas trop ses habitudes d’une console à l’autre au moins). Dix ans déjà! C’était la grande époque de Suikoden, Soul Edge, Wipeout, Final Fantasy VII, Tekken et Metal Gear Solid. Au milieu de tout ça, et parce que j’avais une console pucée, je tombais souvent sur des jeux américains voir japonais même des fois. C’est ainsi que j’ai joué à Bio Hazard (alias Resident Evil) en japonais au début, avec son intro kitsch pas censurée, avant de demander la version européenne histoire d’y comprendre quelque chose, mais aussi à Soul Edge, qui fit le bonheur de moi et mes copains de l’époque (et dans la version jap’ on pouvait voir la raie des fesses de Sophitia dans l’intro, au moins.)
Bref, je m’égare, mais c’est pour en venir au plus important.
Parmi tous ces jeux qui ont fait le succès incontestable de la PSOne, il y eut quelques perles méconnues du grand public, surtout parce qu’au final, elles ne sont jamais arrivées jusqu’en Europe. C’est déjà un miracle que Final Fantasy Tactics fut traduit, cela l’est encore plus aujourd’hui qu’il sorte en Europe, dix ans après, dans un remake fait par Square Enix. (et n’oublions pas Valkyrie Profile, un autre miraculé)…
Enfin portage, je suis méchant, on va dire portage amélioré. Mais avant de parler de ça, parlons un peu du jeu en lui-même.
Vous jouez le rôle de Ramza Beoulve dans ce jeu. Demi-frère cadet d’une famille servant l’un des rois locaux qui vont s’opposer au fur et à mesure du jeu, vous devez faire honneur à votre famille. Final Fantasy Tactics, contrairement à sa version GBA un peu trop enfantine, est ici sombre, doté d’une intrigue tortueuse et où les rebondissements ne manquent pas. L’histoire commence alors que vous escortez une princesse qui, comme toute princesse qui se respecte, va se faire enlever sous vos yeux par une vieille connaissance. Un long flashback suit alors et sert de prologue au jeu avant de vous mettre dans le bain.
Comme son nom l’indique, Final Fantasy est tactique. Expliquer tous les rouages du gameplay serait fastidieux tellement le jeu regorge de possibilités. Il y en a tellement que la lecture entière du tutorial animé vous sera nécessaire afin de bien tout comprendre. Tutorial auquel vous pouvez aussi accéder en cours de jeu.
Basiquement, les terrains de jeu sont découpés en case et vous pouvez avant le combat configurer et placer vos troupes. Vous pourrez en prendre 6 ou 7 avec vous selon les maps, parfois en comptant les "invités", ces crétins de personnages contrôlés par l’ordi et qui vous donneront plus de fil à retordre que vos ennemis tellement ils sont bêtes. En gros, ne comptez pas dessus.
Chaque unité peut executer un mouvement et une action lors de son tour, sachant que s’il ne se déplace pas ou n’agit pas, voire les deux, son prochain tour viendra plus vite dans la liste, ce qui offre une perspective tactique de savoir si on choisit de se défendre ou pas afin de pouvoir rejouer plus rapidement, par exemple.
En reprenant le sysètme de jobs de Final Fantasy V, on a ainsi droit à de nombreux jobs (mage blanc, noir, time, ninja, archer, knight, geomancer, summoner, et d’autres que j’oublie présentement) pour chacun de nos soldats, afin de les customiser comme il se doit. Bien sûr, l’intêret principal de FFT est que votre équipe est totalement personnalisable et que vous pouvez jusqu’à choisir leur nom, ou leur sexe, en les recrutant (mis à part les personnages uniques bien sûr.) Cela a une importance tout de même, car dans le cas du sort "Charm" par exemple, ce dernier ne fonctionne que sur un ennemi du sexe opposé. De même, la date de naissance joue étant donné que le système zodiacal définit des affinités entre différents signes, ce qui vous occasionera quelques prises de tête.
Après, il y a les équipements, les compétences à choisir d’équiper… On peut bien évidemment si on a bien maitrisé deux jobs, bénéficier des avantages de l’un et de l’autre en même temps, ce qui fait qu’un personnage peut être bien "uber" si on le souhaite.
L’un des aspects intéressants de FFT réside dans sa difficulté, assez corsée pour le débutant. C’est un jeu qui ne pardonne pas beaucoup, mais qui est extrémement jouissif lorsque vous complètez votre bataille avec succès. Il y a surtout une bataille, une seule, qui m’a pris pas loin d’une semaine pour en venir à bout à l’époque, a coups de tests en changeant telle ou telle stat, tel ou tel équipement, bref, en tweakant sans cesse jusqu’à trouver l’enchainement parfait. Cette bataille, je ne vous en dit pas plus, promet de vous bloquer un moment dans le jeu. Il y a en plus de la trame principale, quelques sous-quêtes fort sympathiques, des bouts du scénario à découvrir, des choses à débloquer, et bien sûr, son lot de niveaux supplémentaires extrèmement difficiles réservés aux meilleurs.
FFT mériterait la note maximale s’il n’accusait malheureusement pas un peu son âge. Le terrai, très anguleux fera pâle figure face à un Disgaea. Même certains mécanismes de jeu font que l’interface se revèle parfois très peu pratique (et ne parlons même pas des maps mal conçues qui forcent à bouger la camera sans arrêt).
Autre point noir peu élégant, le portage. Sur PSOne à l’époque, cela se comprenait, mais ici, en 2007, sur une PSP quand même plus puissante, voir le jeu ramer à chaque sort (fort heureusement on s’habitue) est un peu pénible. On regrettera également qu’il n’y ait aucun moyen de revenir à l’écran titre. Une bataille ainsi mal engagée vous forcera à faire un Reset de votre console pour reprendre une sauvegarde. Quand on connaît les temps de chargement de la PSP (surtout au début du jeu), ça fait un peu mal.
Et puis, faut pas déconner, mais la police utilisée est très difficilement lisible sur l’écran de la PSP, rendant la lecture des parfois longues séquences non-interactives vachement pénibles pour les yeux.
Enfin, tout n’est pas mauvais non plus. Outre le mode 16/9ème offrant une vue dégagée, Squar enous a gratifié d’un habillage des cinématiques collant un peu plus à l’esthétique du jeu. Ainsi, en lieu et place de l’intro en CG de l’époque, nous avons du cell shading crayonné du plus bel effet renforçant cette atmosphère moyen-ageuse. A noter que d’autres cinématiques du jeu, tournant anciennement avec le moteur, ont été refaites en cinématiques en cell-shading justement. Visuellement ça claque bien.
Autre ajout de la part de Saure, un mode multi permettant de débloquer certains items: un coop mais aussi un versus où deux équipes peuvent s’affronter. Pas testé, mais je suppose que ça doit être sympa (malheureusement les joueurs de PSP qui ont du goût sont très rares.)
Au final, je suis loin de regretter mon achat. FFT je l’ai fini au moins deux fois par le passé, mais c’est toujours un plaisir à dévorer même après toutes ces années, et ceux qui sont passés à côté à l’époque peuvent se rattraper aujourd’hui sur un Tactical qui est à mes yeux la référence absolue du genre. Le genre n’a pas commencé avec FFT, mais a gagné ses lettres de noblesses avec. Pour moi, le premier vrai bonheur du tactical restera Shining Force II sur Megadrive, qu’on se le dise.