Usagi Drop (Un Drôle de Père, en VF)
Si j’étais un macfag accompli, je vous aurais pondu un article sur Steve Jobs et comment il a changé ma vie. Mais en fait non. Usagi Drop c’est un peu plus joyeux que ça, et je ne suis pas un macfag accompli.
Usagi Drop est à la base un josei manga. Ce qu’on pourrait qualifier de « manga pour jeunes femmes », un peu comme ce que l’on a avec les seinen mais en plus adulte, puisque c’est bien connu, les femmes sont bien plus matures que les hommes (et il n’y a rien de sexiste là-dedans.) Le josei manga c’est habituellement pas vraiment ma tasse de thé. Un peu comme le shoujo pur et dur qui me fait plus rigoler qu’autre chose (essayez de lire 100% Doubt ou Le Préféré de la Prof, je vous garantis que vous n’arriverez pas à prendre l’un comme l’autre au sérieux), le josei n’arrive pas à me captiver. J’avais bien essayé pourtant, mais non. Et c’est alors qu’on m’a présenté Usagi Drop a l’occasion de sa sortie en anime durant cet été.
Le manga est disponible chez nous sous le titre de « Drôle de père » aux éditions Akata. Un changement de nom curieux, mais soit : dans un souci de cohérence, c’est ce titre qui a été repris quand Wakanim qui nous a gratifiés d’un simulcast de la série. Simulcast que j’aurais très volontiers consommé s’il n’y avait pas eu ces DRM en flash à la con et l’usage absurde du player vidéo Adobe. Je veux bien promouvoir la consommation saine de contenus en VOD puisque qu’on le veuille ou non c’est l’avenir de notre consommation d’anime légale, mais quand même, on entre dans le parfait exemple ici d’un DRM inutilement intrusif et chiant. Le problème n’est pas qu’on vous force à voir une pub ou deux avant votre épisode, c’est même totalement normal. Non, le vrai problème c’est de devoir passer par un logiciel qu’on ne souhaite pas utiliser pour lire son contenu, de la même façon qu’on doit systématiquement passer par iTunes pour lire ses vidéos achetées dessus. Et ça, c’est très moche, même si j’aime bien iTunes pour tout le reste.
Mais assez de toutes ces considérations techniques, puisqu’elles ne m’ont pas empêché de dévorer l’anime (et bientôt le manga) que cela soit en déplacement ou à la maison, j’avais besoin de ma dose.
L’histoire c’est celle de Daikichi, salarié de 30 ans d’une boîte de vente de vêtements, qui bosse dur et bien et est apprécié de ses collègues. Un jour, comme ça, son grand-père passe l’arme à gauche. Cela devait bien arriver un jour, mais la surprise vient plutôt de Rin, une petite fille habitant chez le grand-père de Daikichi. Une petite fille de 6 ans, qui n’est autre que la fille du grand-père et d’une mère inconnue (au début de la série en tous cas.) Rin embarrasse un peu toute la famille qui se dispute pour ne pas s’en occuper, laissant la petite un peu autiste sur les bords plutôt désemparée. Daikichi, célibataire et déjà bien occupé avec son boulot, ne supportera pas de la voir ainsi et va décider comme ça de s’occuper de Rin et de la ramener chez lui, devenant ainsi son tuteur.
Daikichi va donc devoir composer avec l’école maternelle puis primaire de la jeune Rin, ce qu’elle doit manger, comment l’habiller, et d’autres joyeusetés de la vie parentale. Il va avoir ses propres parents mais aussi sa cousine et la jeune mère divorcée d’un garçon que Rin cotoie à l’école pour l’épauler dans cette rude épreuve.
Sans vouloir en faire trop, l’anime arrive sans peine à nous accrocher d’une fort belle manière en nous contant la vie de tous les jours et les sacrifices qu’il est nécessaire de faire lorsque l’on doit éduquer un enfant. Sacrifices d’ailleurs que Daikichi hésitera à faire, comme par exemple arrêter de rester au bureau tard le soir…
Parallèlement à cette éducation, il essayera également de retrouver la vraie mère de Rin.
Le tout est décrit sans aucune lourdeur (dans l’anime en tous cas) et avec une justesse rafraîchissante. Les situations sont crédibles et mis à part la situation initiale, le reste de l’histoire n’a rien de particulièrement surprenant et incroyable. L’autre point fort de la série se trouve dans le personnage de Rin, petite fille attendrissante sans être niaise. On est loin des loli classiques et sans saveur de beaucoup d’autres animes qui à l’image de la fille de la cousine de Daikichi, sont habituellement de petites pestes.
Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas suivi une série avec assiduité en la mangeant d’un seul coup ou presque, quitte à me coucher très tard. Et pourtant, Usagi Drop n’est rien de moins qu’une série tranche de vie, mais c’est tellement bien exécuté et intéressant que l’on a envie de suivre la vie de Rin et Daikichi plus longtemps qu’une demi-saison.
Pour ceux qui le souhaitent néanmoins, il y a le manga (au trait un peu trop simpliste à mon goût) qui continue l’histoire à partir du tome 5. Beaucoup de fans se sont d’ailleurs heurtés à cette « suite » où l’auteur a préféré quitter le monde de l’enfance de Rin pour faire une élipse d’une dizaines d’années afin que l’on puisse admirer une Rin devenue lycéenne. En soit je ne suis pas forcément contre, j’ai en effet tendance à aimer ce genre d’élipses ou d’épilogues dans lesquels on peut observer les personnages auxquels on s’est attachés grandir et peut-être vivre d’autres vies. Je n’ai pas encore lu cette partie adolescente du manga, mais on m’a prévenu que c’était bien différent de ce que l’on voyait dans l’anime. Cela ne me dérange pas vraiment, et je compte me faire ma propre opinion un de ces quatre, quand j’aurai terminé le-dit manga (à l’heure où j’écris ces lignes, 8 tomes sont disponibles en France.)
Usagi Drop fait donc partie de ces histoires charmantes et pleines de vie que l’on suivrait volontiers un dimanche soir près du feu en mangeant des crèpes au sucre. Un pas de côté autour de toute la fantaisie et l’exotisme que nous voyons tous les jours dans la production d’anime et manga. Pour une fois il n’y a ni pouvoirs surnaturels, ni héros ou héroïne, ni royaume ou histoire légendaire. Juste une petite fille, un homme devenant père un peu malgré lui, une famille qui se forme et qui grandit. Une famille étrange, certes, mais une famille tout de même.
Mon seul regret sera peut-être le traîtement un peu léger de la vraie mère de Rin ou encore que rien ne se passe réellement entre Daikichi et la mère de Kouki. Mais on ne peut pas tout avoir, hein ? Usagi Drop m’a cependant offert, moi qui suis fan d’histoires de WAFF (Warm and Fuzzy Feeling, un sentiment doux et chaud), ce que j’attendais de lui : un excellent moment qui fait chaud au coeur.
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