Tengen Toppa Gurren Lagann × Puella Magi Madoka Magica
Avez-vous vu Tengen Toppa Gurren Lagann et Puella Magi Madoka Magica dans leur intégralité ?
Pas besoin des films, les séries suffisent. Gurren Lagann est disponible chez l’éditeur Beez, certes disparu, mais les DVD sont encore faciles à trouver pour un prix raisonnable. Madoka est disponible chez Wakanim.
Si vous n’avez pas vu ces deux animes, mon article peut attendre. A la lecture de cet article, écrit des années après le dernier texte publié sur l’Editotaku, vous pouvez attester de ma patience ; revenez ici une fois que vous aurez regardé ces séries. En vous attendant, voici une vanne pour que vous ne repartiez pas sans avoir lu quelque chose de spirituel :
Axel Terizaki a annoncé que son petit roman qui conte l’histoire d’une lycéenne malvoyante, Blind Spot, va sortir en livre relié. Connaissez-vous le nouveau nom pour cette adaptation au format papier ? 50 Nuances de Noir.
Vous pouvez ainsi attester que mon sens de l’humour est toujours aussi douteux. Dernière publicité avant l’article : Axel vous en a parlé, mais j’en profite pour vous rappeler que je participe chaque semaine au podcast vidéoludique Joli Bateau. A présent, le texte s’adresse à celles et ceux qui ont vu Gurren Lagann et Madoka, et ne s’adresse pas aux aficionados de l’hyper-critique. Allons-y !
Tengen Toppa Gurren Lagann est un anime majeur dans l’histoire du studio Gainax, qui revient à une gloire et un succès d’estime qu’on ne lui avait pas connu depuis Kareshi Kanojo No Jijou. N’en déplaise à Axel et sa soubrette robotique qui étale ses (problèmes de) nichons à tout va, la Gainax était en train de passer d’un anime tenu uniquement par son fan service à des créations tout simplement infâmes, saupoudrées de productions certes décentes, mais simplement indignes du génie qu’on leur avait connu. Après en avoir discuté avec Rukawa, l’auteur du fansite Spiral Spirit, j’ai appris que la Gainax avait avoué à demi-mot lors de plusieurs interviews que ces séries avaient été acceptées dans un but purement alimentaire, afin de remplir leur trésorerie en vue d’un gros projet. Ce gros projet, le voici.
Une série en trois actes, en hommage à trois décennies de japanimation vues par les otakings du studio.
Chez le studio Ghibli, Hayao Miyazaki a simplifié son message avec le temps qui passe, surtout celui sur l’écologie. Années 80, Mon Voisin Totoro : “la nature est belle et puissante, il faut y faire attention”. Années 90, le Japon est encore plus polluant, Princesse Mononoke : “la nature est puissante, attention !” Chez Gainax, c’est pareil avec le message sur le nekketsu. Années 80, le coach de Gunbuster : “du travail et des tripes !” Années 2000, Gurren Lagann, l’énergie qui fait tourner le monde : “des tripes !”
Premier acte, les années 70. Les héros carburent au sang bouillonnant et leurs blessures le font généreusement gicler, l’héroïne est aussi érotique que Fujiko Mine, qui apparaissait carrément seins nus à l’époque. Le scénario est un tracé simple, du zéro au héros en pétant tout sur le passage. La Gainax rend hommage aux tracés dynamiques de l’époque… et aux réalisateurs au character design pas toujours coordonné via le fameux épisode 4, qu’ils assument toujours dans toutes leurs interviews.
Combattler V, 1976 × Gurren Lagann, 2007
Second acte, les années 80. La princesse en détresse est dans un autre château, car il y a tout un tas de généraux avant le boss final. Lesdits généraux sont aussi thématisés que des Chevaliers d’Or, il faut faire un voyage initiatique à travers le monde comme si on cherchait les Boules du Dragon. Les blessures tiennent plus des hématomes, le tracé est rond.
Troisième acte, les années 90. Rappelons que la production de Neon Genesis Evangelion fut entachée de problèmes liés au contenu débridé des animes de l’époque. Dragon Ball Z virait au jeu de massacre, la censure avait dû sévir. La première moitié de ce dernier acte condamne (dans un tribunal !) les effusions de violence. Les images de synthèse s’intègrent mal au dessin traditionnel. Le tracé est raide, les angles droits.
Le personnage qui m’a le plus marqué (en dehors de Yoko) reste Viral, dont la conclusion reste sans pareil. Lors du combat final, alors que chacun de nos héros est enfermé dans un monde illusoire, chacun se rêve vivant des aventures exceptionnelles, entouré d’argent, d’amis et de succès. Sauf Viral, qui se rêve simplement avec une femme et un enfant. Un voeu pieux, simple et innocent (que ses congénères ont pu vivre en vrai), mais qui lui sera refusé à jamais. Lors de l’épilogue, Viral n’a pas pris une ride, là où même Simon n’est plus que l’ombre de lui-même. Viral verra tous ses amis mourir les uns après les autres. Viral verra peut-être que leurs ennemis avaient raison, mais j’en parle juste après cet avertissement.
Transition à Puella Magi Madoka Magica. Encore une fois, je vous invite à avoir intégralement regardé la série avant de poursuivre.
Madoka est un anime connu pour avoir pris au dépourvu ses téléspectateurs avec la mort de Mami, sortie de nulle part et au premier tiers de la série, tout comme celle de Kamina dans Gurren Lagann. On croyait avoir affaire à un anime de fille magique, et vlan. La même gifle que Gurren Lagann que l’on croyait adressé aux petits garçons assis sur le tapis devant la télé pour leur vendre des jouets, alors que la cible visée est le grand frère/papa assis juste derrière sur le canapé.
Mais cette gifle, ni Axel ni moi ne l’avons ressentie trop fort, parce que nous avons tous les deux tiqué dès le premier épisode sur le personnage de Kyubei ; qu’elle soit mâle ou femelle, une créature qui n’utilise pas ses lèvres ne peut pas être foncièrement bonne.
Attention, ça va devenir tordu comme un article de l’Editotaku.
Les deux séries abordent le cas de l’énergie, sous sa forme calorique la plus basique, son gaspillage et les effets dûs à son utilisation démesurée. Dans Gurren Lagann, une civilisation antédiluvienne a réalisé que les excès amèneraient, à long terme, à la disparition de l’univers tout entier. L’entropie, quoi. Ladite civilisation, pour protéger ledit univers, décide d’entrer volontairement en stase et de concevoir des systèmes de sécurité : si une autre espèce fait un peu trop les zozos, des créatures nommées anti-spirales viennent leur péter la gueule pour les renvoyer à l’âge de pierre.
Les humains dans Gurren Lagann : “faisons tout péter avec cette énergie que nous croyons infinie. Après nous, le déluge !” La civilisation anti-spirale : “pensez aux autres civilisations, malhereux !”
A la fin de Gurren Lagann, les anciens et leurs robots sont vaincus, et nos héros promettent qu’ils protègeront à leur tour la galaxie pour les siècles des siècles, amen. Ils ont même parmi eux un immortel, Viral, qui pourra ainsi perpétuer leur bonne parole longtemps après que Simon et ses amis boufferont les pissenlits par la racine.
Sauf que.
Dans Madoka, une civilisation antédiluvienne a réalisé que les excès amèneraient, à long terme, à la disparition de l’univers tout entier. L’entropie, quoi. Ladite civilisation, pour protéger ledit univers, décide de chercher une source d’énergie alternative, et trouve son bonheur dans les rêves des petites humaines. Des créatures nommées incubateurs viennent les traire de leur énergie tout en les maintenant dans une ignorance digne de l’âge de pierre.
Les humaines dans Puella Magi Madoka Magica : “faisons tout péter avec cette énergie que nous croyons infinie. Après nous, le déluge !” La civilisation des incubateurs : “pensez aux autres civilisations, malheureuses !”
A la fin des réalités alternatives vues par Homura Akemi, Madoka se transforme en sorcière et génère tellement d’énergie que Kyubei observe alors un comportement vraiment particulier.
C’est là que je deviens tordu.
Kyubei, rassasié par tant d’énergie, affirme qu’il a rempli son quota et décide de rentrer chez lui, laissant Homura assister à la destruction de la planète. Kyubei se comporte comme n’importe quel salaryman ayant accompli son objectif mensuel de ventes de produits à la con, abandonnant ses clients avec les problèmes de leurs nouvelles fenêtres à double vitrage et autres emprunts à la con(sommation) avec des taux d’usurier.
Attendez un instant : le gars vient certes d’exploser son quota et il va pouvoir se payer une nouvelle télévision, mais à quel prix ? Il vient de détruire la Terre, alias la ferme à petites filles générant une énergie si précieuse pour le bien de l’univers. En expliquant le mécanisme de l’entropie, Kyubei insiste sur le fait qu’une civilisation comme la nôtre ne s’est pas trouvée sous le sabot d’un cheval.
Kyubei, si enclin à appeler les petites humaines au sacrifice pour le bien de l’écosystème galactique, se comporte alors comme le dernier des égoïstes. Il a certes assez d’énergie pour couvrir la survie de l’univers à son échelle de temps, mais après ? Quand Kyubei bouffera les pissenlits par la racine et que ses descendants chercheront une source d’énergie, comment survivront-ils sans la planète Terre et ses précieuses filles ? Kyubei s’en fout. Après lui, le déluge !
Du coup, projetons-nous dans le futur de l’univers selon Puella Magi Madoka Magica, dans les innombrables réalités alternatives où l’histoire se termine mal. La Terre est détruite, le succès de Kyubei a été oublié depuis longtemps, et l’entropie a continué son inexorable avancée. La civilisation des incubateurs réalise que la seule manière de prolonger la survie de l’univers, c’est l’économie d’énergie. Ladite civilisation, pour protéger ledit univers, décide d’entrer volontairement en stase et de concevoir des systèmes de sécurité : si une autre espèce fait un peu trop les zozos, des créatures nommées anti-spirales viennent leur péter la gueule pour les renvoyer à l’âge de pierre.
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