Bonjour, ici le temps qui passe : (l’anime de) Haruhi Suzumiya a 10 ans.
Je voulais faire un article en avril dernier mais ça ne s’est pas fait. Donc je profite d’avoir un peu de temps entre deux corrections d’Eternity pour vous raconter un peu ce qu’il est passé il y a 10 ans, par un beau printemps. Ce sera un voyage très personnel de dix années que je n’ai pas vues passer.
Il était une fois, en l’an de grâce 2006…
Replaçons déjà les choses dans leur contexte : en 2006, nous sortons d’une année 2005 ma foi pas folichonne folichonne en termes d’animés. Oh, il y a bien eu quelques trucs sympa, notamment Shana, Shuffle! ou encore Full Metal Panic The Second Raid… Oh et puis aussi Nanoha A’s, My Otome, Mushishi et la première saison de Negima *tousse*. Mais voilà, c’était pas si incroyable que ça, admettons-le. A part Nanoha, aucun de ces animes, même s’ils avaient leurs qualités, n’ont crée de fandom aussi important que ce qui va débouler en 2006.
Et je ne vous parle même pas encore de Haruhi ! En 2006, c’est l’année de Code Geass, de Fate Stay Night, de Higurashi… Trois séries qui auront sans aucun doute marqué leur époque durablement. A ceux-ci s’ajoutent Utawarerumono dont on a eu une saison 2 cette année, Welcome to the NHK, Negima!? par SHAFT, Oban Star Racers, et ce chef d’oeuvre contemporain qu’est Lingerie Soldier Papillon Rose. Amo en garde encore des séquelles.
Mais ce qui nous intéresse le plus ici c’est La Mélancolie de Haruhi Suzumiya, petite série sans prétention animée par Kyoto Animation, qui s’était déjà fort illustré avec Full Metal Panic Fumoffu! et The Second Raid, respectivement en 2003 et 2005. Kadokawa confie donc au studio l’adaptation d’un light novel de 2003 en une série de 14 épisodes. Si le premier épisode choque un peu et passe pour une excentricité (rappelez-vous, le film amateur avec Mikuru en héroïne, où on ne voit guère Haruhi d’ailleurs) les épisodes suivants surprennent, et lorsque le Hare Hare Yukai retentit en fin d’épisode, la danse devient complètement virale.
A l’époque, Twitter n’existait pas vraiment et Facebook en était encore à ses balbutiements. Les gens se retrouvaient via des communautés montées à l’arrache sur des forums ou des canaux IRC. Par contre, un site qui était déjà bien en place dans le paysage, c’était Youtube : sur ce dernier, on pouvait trouver des dizaines et dizaines de montages du Hare Hare Yukai, et d’autres démonstrations de la danse en vidéo, et ce partout dans le monde. Vraiment. Partout.
Pourtant, ce n’est pas l’ending de la série qui aura retenu l’attention des amateurs d’animation éclairés. L’héroïne, Haruhi, une jeune fille imbuvable qui s’affranchit des règles pour n’obéir qu’aux siennes, est une boule d’énergie sur pattes qui cherche avant tout à rendre son quotidien plus palpitant. Son comportement ne laissera que peu de monde indifférent. Certains l’adorent, d’autrent la détestent, mais elle fait parler d’elle et de la série, si bien que nous sommes très nombreux à avoir pris le train en marche. Par exemple je ne m’y suis mis que passé le troisième épisode.
La série multiplie les coups d’éclats novateurs. Elle reprend des tas de codes de l’époque pour s’en jouer et s’en moquer, ou de les réutiliser à sa sauce. Haruhi voit en effet Mikuru comme la jeune fille mignonne et à gros seins nécessaire à la popularité de son futur club. Ce côté parodique de ses pairs, peu d’animes avaient tenté à fond, si ce n’est Abenobashi en 2002 ou Excel Saga en 1999. Là où Abenobashi et Excel Saga vous envoyaient ça en pleine face sans concessions, Haruhi le faisait bien plus subtilement en les mélant à une intrigue autour du fait que Haruhi était la seule à ne pas être au courant qu’il existe des aliens, des voyageurs temporels ou des ESPers. C’était encore plus ironique sachant que c’était elle qui souhaitait les rencontrer le plus.
Il n’y avait pas que ça. Haruhi était passée maitresse dans l’art de faire parler d’elle. Chaque épisode était un mini-évènement en soi, où on se demandait bien ce qu’ils allaient nous pondre. Car pour rappel, la série, lors de sa diffusion en 2006, a été diffusée dans le désordre. Ainsi, après le film amateur de l’épisode 1 où tous les personnages sont réunis, on découvrait dans les épisodes 2 et 3 le véritable début de l’aventure, avant de bifurquer ensuite à l’épisode 4 sur d’autres évènements plus tardifs chronologiquement. On découvre des personnages qu’on est sensés connaître, on les voit parfois disparaître pour être réintroduits à l’épisode suivant sans qu’on pige trop pourquoi. De quoi semer le doute chez le spectateur, mais surtout faire parler de la série, car c’était là le but premier de Kadokawa.
Pourtant, l’animé doit une bonne partie de son succès à son matos d’origine tout autant qu’à ses à côtés purement marketing. Le matos en question, c’est un light novel dont la publication a commencé en 2003. L’adaptation est toujours un métier délicat et Kyoto Animation a pourtant fait un presque sans faute sur Haruhi en 2006. Peu de passages sont occultés, et le premier tome du roman est géré en six petits épisodes seulement.
En 2006 c’est aussi mon premier voyage au Japon. J’y découvre Tokyo, mais également l’intensité de Haruhi sur place. Les premiers tomes du light novel s’arrachaient et il a fallu les faire réimprimer tellement la série a trouvé son public dans l’archipel au moins autant que dans le monde entier. Les goodies étaient nombreux et les encarts publicitaires étaient partout. Il y avait même une Haruhi peinte au sol de la gare d’Akihabara !
Comment une série a-t-elle pu devenir aussi populaire en l’espace d’un mois ? Coup de bol ou habile marketing de Kadokawa, détenteur des droits sur la série écrite par Nagaru Tanigawa et illustrée par Noizi Ito ? Peut-être un peu des deux.
Pourquoi tant de succès au juste ?
C’est assez difficile à expliquer. Je pense que beaucoup de gens se sont retrouvés dans Haruhi. Elle avait un côté chuuni qui s’assume, à imaginer que des choses incroyables existent dans son monde. A chercher les aliens, les voyageurs du temps et les personnes douées de pouvoir extra-sensoriels, elle nous rappelle notre enfance où on se faisait tous des histoires et où on croyait encore à tout. Elle contraste avec Kyon qui fait également office de narrateur. Kyon ne croit plus à tout ça, et c’est Haruhi qui va lui envoyer dans la gueule, sans le savoir, tout ce en quoi il avait cessé de croire. Un peu comme si nous étions Kyon et que Haruhi se présentait à nous pour nous montrer qu’il faut encore rêver, qu’il faut encore penser que des choses incroyables, extraordinaires peuvent nous arriver. Combien d’entre-nous n’ont pas souhaité, une fois au moins, vivre une expérience sortant des sentiers battus ? Dans une societé comme celle du Japon où on essaye de vous mettre dans un moule de 7 à 77 ans, où chaque clou qui dépasse est immédiatement pulvérisé, le message est d’autant plus percutant.
Il y a aussi l’attention portée au fan curieux. Les easter eggs et autres petits secrets sont légion dans l’univers de Haruhi. Des messages cachés dans les sites web de la série, des pratiques étranges comme la fermeture du site officiel à certaines dates, le symbolisme de certains passages, les musiques utilisées à certains moments-clé… Tout cela contribue à alimenter la machine à buzz autour de la série. Et ça marche : ça garde les fans intéressés et à l’affut de la moindre fluctuation. Cela se fait aussi dans le jeu vidéo : Valve, qui gère le magasin Steam, organise très souvent pendant les soldes des jeux de piste à destination des plus curieux. Ce côté ludique a bien entendu contribué à la popularité de la série. Plus on cache de détails dans un univers, plus il devient profond, et les détracteurs de la série aiment oublier tout ce qui se trame autour de celle-ci.
Je pourrais également vous parler de Haruhi-chan, websérie rigolote qui s’assume pleinement (contrairement à Yuki-chan), du film « La Disparition de Haruhi Suzumiya » qui en plus d’être long et beau comme un camion de pompiers a le mérite d’adapter très fidèlement le livre du même nom, mais s’il y a bien quelque chose qui a retenu l’attention de tous, c’est la seconde saison en 2009. Rappelez-vous :
Les rumeurs annonçant une seconde saison vont bon train. Les fans d’Haruhi de l’époque s’imaginent que l’arrivée d’une saison 2 est imminente. Sans qu’on sache trop pourquoi, Kadokawa annonce une rediffusion de la série au printemps 2009. Soit. La série est donc rediffusée, mais cette fois dans l’ordre chronologique. Pourquoi pas, c’était une excuse valable pour une rediffusion.
Et puis un soir de diffusion, un 21 Mai… J’étais au Japon, je regardais K-On et la rediffusion de Haruhi en direct chez Darksoul. La claque fut monstrueuse. « C’est quoi ça? » « C’est pas un épisode que… oh putain ! Oh putain oh putain ! » Heureusement tout le monde était encore debout dans l’appartement car je ne tenais plus en place. Je switchais entre VLC (d’où je suivais la diffusion en direct enregistrée sur les serveurs de Darksoul) et IRC pour annoncer la nouvelle. J’étais sur le cul, de nouveaux épisodes de Haruhi ! C’était pratiquement inespéré, comme un rêve auquel on osait pas croire. Nouvel opening, nouvel ending (moins biens), mais bordel, c’était encore plus beau qu’avant, c’était tout simplement magique. Pour le fan que j’étais, qui venait en plus de rencontrer l’illustratrice de Haruhi, Noizi Ito quinze jours plus tôt, j’étais sur mon nuage.
Mais en vrai personne ne nous avait préparé aux épisodes qui ont suivi. Endless Eight.
Ces fameux épisodes sont entrés dans la légende. Certains qualifieront ça de stupide, d’idée de merde, de tue-l’amour… Moi j’y ai vu un défi artistique relevé, il fallait avoir des couilles comme ça pour oser, et ça a été osé. C’est sûr que 8 fois la même histoire c’est pas marrant, mais il faut bien comprendre qu’à l’époque c’était un véritable coffre à trésors pour les fans de la série. Les autres auront bien entendu passé leur chemin.
Reprenons : le premier épisode de Endless Eight commence. Il s’agit d’un seul chapitre dans toute l’oeuvre de Haruhi (qui compte 11 tomes.) donc normalement, on devait être bons. Sauf que pour les connaisseurs, l’affaire est loin d’être bouclée (hoho). Yuki Nagato rapporte le nombre incorrect de boucles temporelles auxquelles elle a assisté dés le premier épisode. Le cauchemar commence.
Au bout d’un moment, on suit la série en direct ou presque, retransmise sur Justin.tv (qui deviendra plus tard Twitch) par un mec random. Il n’y a pas de sous-titres, mais la plupart n’en ont pas besoin, ils connaissent l’épisode par coeur parce qu’ils l’ont déjà lu en roman ou vu la semaine passée étant donné qu’il est sensiblement le même. Bien sûr il y a des petits changements ici et là qui font qu’on se prend à jouer au jeu des sept erreurs. Les fans de la licence se réunissent alors sur IRC chaque jeudi aprés-midi vers 18h heure française pour regarder l’épisode et le commenter ensemble. On commence à sortir les répliques des personnages avant eux, on commence à remarquer que des détails ont changé… Car oui, les plus fainéants vous diront que les épisodes étaient les mêmes, mais ce qu’il faut retenir, c’est surtout que Kyoto Animation s’est fait chier à réanimer chaque épisode. A aucun moment, à aucun endroit il n’y a d’animation réutilisée. Tous les plans sont refaits et les personnages ne portent même pas les mêmes vêtements d’un épisode à l’autre. S’il y a bien une chose à retenir de Endless Eight c’est les trésors d’ingéniosité dont on fait preuve les animateurs pour raconter la même histoire ou presque mais visuellement différente. Il est par contre d’une évidence que les regarder d’une semaine sur l’autre et en groupe était bien plus amusant que de faire ça d’une traîte et tout seul. L’attente, chaque semaine, l’espoir d’avoir enfin la fin au bout de 2, 3, 4 épisodes (après on a compris qu’on était partis pour 8) a contribué à rendre le final de cet arc encore plus satisfaisant que prévu.
Je terminerai cette partie de l’article sur une pensée pour le light novel de Haruhi en France. Petit ange parti trop tôt, le roman avait été annoncé en Mars 2009 chez Hachette pour une parution en août 2009. Malgré une traduction qui tenait très bien la route, les choix discutables de Hachette ont mené le livre à sa perte. Marketé pour un public non otaku, le roman sort inexplicablement dans la collection Planète Filles. Autre bémol, une couverture hideuse (héritée d’une des deux versions américaines) et l’absence des illustrations à l’intérieur (pour le coup, faisons-nous l’avocat du diable mais il est très fort probable que ça soit la validation japonaise qui ait trop tardé à les envoyer, d’après mes sources.) Le problème, c’était que si une oeuvre avait une chance de percer en light novel à l’époque et d’ouvrir la voie à d’autres, c’était bien Haruhi. C’est comme si en 2015 Ofelbe s’était planté sur Sword Art Online. SAO ne pouvait PAS échouer vu la popularité de la série, et Ofelbe a fait tous les bons choix pour faciliter son édition et sa vente en France, grands mercis à eux.
L’héritage de Haruhi Suzumiya
Les détracteurs de la série (car il y en a toujours à partir du moment où il y a des adorateurs : certains aiment détester ce que d’autres aiment. Et plus ils les aiment fort, plus les détesteurs se sentent dans leur bon droit, mais je digresse.) aimeront minimiser les faits et vous expliquer que Haruhi est une série mineure de 2006 et 2009. Pourtant, à bien y regarder, elle s’est hissée au même niveau que ses comparses de l’époque, notamment Higurashi no naku koro ni, et Fate Stay Night. Le vrai problème de Haruhi c’est surtout l’absence depuis des années de nouveau matos de référence, à savoir de tomes du roman. L’auteur ayant disparu des radars, probablement par peur de l’erreur suite au succès colossal de la série (ça reste ma supposition toute personnelle), il est difficile pour Kadokawa de bâtir sur ce qui n’existe pas. Ils ont essayé hein : en 2015 on a quand même eu droit à l’infâme Nagato Yuki-chan, une série dans un univers alternatif où Nagato Yuki, pourtant si extra-terrestre, si robotique, devenait un espèce de moeblob idiot. Au départ crée via un dojinshi, la série a eu son manga, puis son animé propre, ce qui me fait me poser des questions existentielles : pourquoi Nagato Yuki-chan a eu droit à un animé alors que mes propres fanfics Evangelion, pourtant au moins aussi mal écrites, n’ont pas eu d’anime ? Hein ? Je vous le demande.
On va vite oublier Yuki-chan, qui de toutes façons met n’importe quel fan de Haruhi en position fétale à se tailler les veines, pour parler un peu de ce que la série a engendré depuis.
Les clins d’oeil à l’univers de Haruhi n’ont pas manqué, parfois directement chez Kyoto Animation via Lucky Star sorti l’année suivante (2007), parfois bien plus tard. Les danses dans les endings ou les openings, Angel Beats, tout ça a été plus ou moins repiqué à Haruhi. Si on ne peut pas vraiment parler d’impact de l’animation (un bien grand mot réservé aux élitistes du sujet) il est indéniable que la série aura laissé son propre cratère sur le paysage jusqu’alors un peu lisse de l’animation Japonaise.
Concrètement, ça s’est traduit par une accélération notable des adaptations de light novels en animés. Il n’y a pas eu une saison qui est passée sans qu’un animé tiré d’un light novel un peu obscur ne soit programmé, comme si les japonais s’étaient soudainement aperçus que ces petits romans avaient des vertus capables de souffler un vent nouveau sur le marché, qui jusqu’alors comptait énormément d’adaptations de mangas (spoiler, y’en a toujours beaucoup) mais surtout énormément d’adaptations de visuals novels. Entre 2000 et 2005 il y a en effet beaucoup de visual nouvels adaptés en animé, les producteurs cherchant des histoires nouvelles et qui sortent des sentiers battus.
Aujourd’hui ce sont les light novels qui ont pris cette place, même si au final on s’aperçoit que le marché du light novel japonais sent au moins presqu’autant le renfermé que le visual novel de l’époque. Au début des années 2000, les visual novel adapté en anime, c’était principalement des harem découpés en arcs. Il a fallu attendre 2006 avec des titres bien plus profonds comme Fate Stay Night et Higurashi, pour ne citer qu’eux, afin d’avoir quelque chose de réellement travaillé. En light novel aujourd’hui on tombe quatre fois sur cinq sur l’histoire d’un lycéen quelconque à qui il arrive des trucs. Un peu… comme les mangas, en fait !
Même si ce changement progressif s’est opéré grâce à Haruhi mais pas que, la conséquence la plus visible de la tornade Suzumiya reste quand même toutes ces histoires à propos de clubs scolaires divers et variés qu’on nous a servi ces dix dernières années.
Je sais pas si on peut vraiment parler d’héritage du coup, mais les faits sont là : Haruhi Suzumiya aura quand même laissé son empreinte dans l’animation japonaise. Le plus dommage étant que comme l’auteur est aux abonnés absents, la licence ne vit plus vraiment, et contrairement à un univers comme Gundam ou ceux de Type-Moon sans cesse renouvelés, la stagnation n’aide pas à attirer de nouveaux fans.
L’école des fans
Cette dernière partie d’article va probablement être la plus longue et la plus personnelle. Car je ne vais pas parler des réactions des fans dans tous les pays vu que, bah, je ne suis pas omniprésent et je n’ai donc pas pu me rendre compte de ce qui s’est passé en 2006 et les années qui ont suivi dans le monde entier.
Par contre, on peut s’intéresser rapidement à la France.
Si seule la série vous intéressait alors vous pouvez arrêter de lire cet article. Si par contre un récit plus personnel de ce qu’est la Brigade SOS Francophone vous intéresse, alors lisez ce qui suit.
En 2006, la série connaît donc son heure de gloire grâce au fansub. Le simulcast est encore malheureusement loin. Il aura fallu un an à votre serviteur pour se dire que, peut-être, il serait temps de créer un site sur Haruhi. Le truc étant que jusqu’ici je n’avais fait que des « petits » sites. Petits à notre époque, mais au tout début des années 2000, Asuka’s Notebook, Naru’s Diary et Mahoro’s Dream sont des « gros » sites. C’est ce qu’on appelle des « shrines », des sites dédiés à un personnage ou une série. A l’heure des sites persos c’était assez commun, et ils étaient souvent reliés en Webrings. Car avant l’omniprésence de Google il y avait Yahoo et Altavista, dont les moteurs de recherche assez limités ne permettaient pas toujours de découvrir des sites. On se basait sur le bouche à oreille.
En 2007 il apparaît assez clair qu’il faut faire bien plus que ça pour Haruhi. Ca tombe bien parce que si avant il fallait coder son site soi-même en HTML et en PHP, aujourd’hui on a tout un t’as d’outils pour le faire et pour se concentrer sur le contenu : WordPress, Mediawiki, PHPBB… J’avais décidé de m’entourer de personnes motivées après avoir acheté le domaine Haruhi.fr et j’ai été plutôt bien servi : en un mois nous avions monté et alimenté une bonne partie du site (un wiki, un imageboard, un forum, un site de news…) et ouvert les vannes. Le truc, c’est que le public n’est arrivé finalement qu’au tout début de l’année 2008. Jusqu’alors on était entre nous, c’était cozy, c’était bon enfant. Et puis il a fallu intégrer de nouvelles têtes. Plein de nouvelles têtes d’un coup. Il y a bien sûr de nombreux modérateurs et admins qui sont venus se greffer à la gestion des différents sites qui composaient Haruhi.fr pour tenter de garder le navire debout, car beaucoup, beaucoup de passagers embarquaient à ce moment-là.
Lorsque la nouvelle de l’acquisition par Kaze de la licence française tombe, tout le monde était aux anges, même si certains étaient bien entendus sceptiques et déçus : Kaze n’était à l’époque pas connu pour ses coffrets abordables pour un budget de jeune fan. Cependant, nous avions décidé de prendre contact avec Kaze, et nous sommes tombés sur une certaine Sylvie d’abord, puis sur un certain Laurent, qui s’occupait de la communication autour des licences. Un homme adorable, à l’écoute des fans de la série, et qui avait bien compris que le fandom d’Haruhi en France était animé de bonnes intentions : ce n’était pas le fandom habituel qui piratait son oeuvre préférée sans vergogne. Il y avait, dans le discours de Haruhi.fr, une volonté de faire découvrir la licence au travers des circuits officiels. Ce respect des droits d’auteur a ouvert beaucoup de portes à la communauté, et n’a rien coûté à celle-ci. Même aujourd’hui il est possible de discuter avec des éditeurs en montrant patte blanche. Gardez bien à l’esprit que derrière ces entreprises, il y a des gens qui comme vous et moi qui sont fans d’animation japonaise et de manga.
En 2008 donc, après des timides débuts à Epitanime, Haruhi.fr obtient grâce au sponsor de Kaze un stand gratuit côté fanzine à Japan Expo. C’est les débuts de la Brigade, et pour Kaze ça représentait une bouchée de pain dans leur budget pub autour de la série (grosse, grosse sortie pour eux à l’époque). On a eu droit à des tas de cadeaux, des stickers officiels Brigade SOS par rouleaux entiers, qu’on a bien dû coller sur un tiers de la surface de Japan Expo de l’époque (si bien que le réglement a été aménagé spécialement à cause de nous les années suivantes. Succès déverouillé.), des visites d’officiels, et bien d’autres choses encore. Il règnait une euphorie complètement désorganisée : moi qui a du mal avec les visages je connaissais un quart des pseudos des gens qui venaient nous voir et dansaient avec nous le Hare Hare Yukai partout dans Japan Expo. C’était un peu puéril, envahissant mais la bonne humeur qui émanait était tellement débordante qu’il était difficile de la contenir. Le plus impressionnant était peut-être qu’à aucun moment je n’ai eu peur d’un quelconque dérapage tellement tout le monde était animé de bonnes intentions.
Après ce franc succès, la communauté a lancé des petits trucs autour de la série toujours en collaboration avec Kaze. Ce genre de rapprochement entre les fans et un éditeur n’a, à ma connaissance, jamais été revu depuis. On s’amusait, on faisait la promotion de la série pour Kaze, et en échange on avait une relation privilégiée avec l’éditeur.
D’autres projets ont vu le jour sans la collaboration de l’éditeur. Un fanzine « SOS Mag » qui a tenu cinq numéros à raison d’un par an, des posters, cartes postales, t-shirts (dont le vénérable et hyper bien trouvé Haruhi x Kyubey « Dis, tu veux rejoindre ma Brigade ? » par Baka-saru), des fanbooks (du fameux Swapzone jusqu’au très grand Grandeur Nature) du thé, des brassards personnalisés, et j’en oublie encore sûrement. Il y a eu une telle variété de produits que de tête je n’arrive pas à me souvenir de tous. Si d’un côté la Brigade a fait du fanzinat, elle a aussi tenu à proposer des activités sur son stand, au grand dam de l’équipe fanzinat (qui ne réalisait pas de ventes pendant ce temps) et des organisateurs de convention (où le placement du stand était un véritable calvaire). En vedette étaient, et ce déjà depuis 2008, les cours de danse de Sanji. Si au début il ne faisait que des Hare Hare Yukai, a rapidement élargi son répertoire à de nombreuses autres danses, venant d’autres animés ou même de l’univers riche de Touhou.
Puis un soir de fin 2008, on discute avec Darksoul sur IRC. Oui, IRC, vous savez, ce truc qui existait avant Facebook, Slack, et Discord :
<Axel> N’empêche ça serait cool de pouvoir aller voir Kadokawa lors de mon prochain voyage au Japon.
<Darksoul> Tu déconnes mais une boîte avec qui je bosse connaît bien la boîte de visual novels de Noizi Ito.
<Axel> Tu penses à ce que je pense ?
<Darksoul> Toujours.
Bien sûr tout ne s’est pas fait en un claquement de doigts, mais on commence à mettre des choses en marche. Avec les autres administrateurs de l’époque, on commence à préparer une nouvelle machine : une association loi 1901 qui s’appellera Brigade SOS Francophone, sensée représenter légalement les fans de Haruhi en France. Au départ, c’était principalement pour avoir un cadre légal et s’inscrire à différentes conventions. Sans ça c’était peine perdue. Si on avait bénéficié de l’effet Kaze en 2008, il était inconcevable de leur redemander de nous payer un stand en 2009. On s’est néanmoins mis d’accord, si ma mémoire est bonne, pour s’en faire payer une partie par l’éditeur, l’autre venant de Pika qui sortait le manga à l’époque et avec qui nous nous étions rapprochés.
La seconde machine mise en place fut moindre, mais néanmoins importante : une pétition, signée par environ 250 personnes, plus ou moins fans de Haruhi, pour faire venir l’illustratrice en France. Imprimée le jour même de mon départ de Tokyo pour Osaka, c’est un peu tendu que j’ai rencontré Noizi Ito dans ses bureaux afin de lui remettre cette pétition. Darksoul, lui, était là pour lui proposer de venir à Epitanime l’année suivante. Pour l’instant, motus et bouche cousue : les administrateurs de Haruhi.fr, maintenant le bureau de la Brigade SOS Francophone, et quelques gens proches sont les seuls à être au courant du plan. Cependant, durant toute l’année 2009 une boîte à dons est mise en place pour aider à la venue de Noizi en France. La boîte aura récolté environ 1000€. Cet argent aura servi au final à payer les visites touristiques de la gentille illustratrice.
Petite parenthèse sur le bureau de l’association de l’époque. Il gérait à peu près tout dans l’association, mais gérait peut-être un peu trop de choses, trop près des choses. Il n’était pas rare qu’on cache beaucoup de choses aux autres membres de l’association. Je ne sais pas si cela a été une bonne idée avec le recul. Une association est normalement composée de tous ses membres et tous devraient recevoir un accès transparent à l’information qui circule. Le problème étant que à cette époque, la Brigade était composée de beaucoup de mineurs, mais également de beaucoup, beaucoup de gens d’horizons différents. Il y avait des informations qu’on devait éviter de voir fuiter, et pour éviter de fuiter, il fallait évidemment cacher ça à beaucoup de gens. Le problème je pense, c’est qu’on a trop eu tendance à le faire pour un oui ou pour un non, ce qui a généré des tensions ici et là entre bureau et le reste de l’association. La moyenne d’âge du bureau était bien plus élevée que le reste du groupe, et de ce fait la rivalité entre les deux parties de l’association n’a fait que s’accentuer. Des gens sont partis, parfois en claquant la porte, d’autres en ont voulu au bureau un moment avant de finalement partir… Il y avait je pense un véritable conflit générationnel entre un bureau un peu trop sérieux et qui décidait les choses dans son coin, et le reste de l’association, plus organique, plus vivante, mais parfois hors des réalités lors de certains choix. L’ambiance n’était pas toujours bonne, mais la volonté de faire quelque chose ensemble primait. Ce que j’en retiendrai c’est qu’il est difficile de gérer 50 personnes d’âges différents. Vraiment très difficile.
Mais avant de revenir sur l’association et son évolution, passons d’abord à un sujet plus joyeux, qui a vraiment été l’âge d’or de l’association : l’année 2010.
La venue de Noizi Ito s’est confirmée pour le bureau de la Brigade en fin d’année. Il a fallu suivre les protocoles d’annonce d’Epitanime, bien sûr, et on a mis des tas de projets sur les rails. Comme vous le verrez si vous avez le courage de lire ce topic sur le forum de la Brigade (attention à ceux qui étaient là, il y a des feels.) la venue de l’illustratrice s’est bien passée, mais comme beaucoup de conventions auxquelles nous avons assisté, la tension avant l’évènement était palpable. Tout le monde était toujours a cran, car les deadlines pour rendre des trucs, personne n’aime ça. Personne n’a jamais aimé ça. Ce week-end de fin Mai, il y a eu une ruche posée à Epitanime depuis laquelle gravitaient des membres hyper motivés et plein d’énergie. De la joie, de la bonne humeur, mais aussi beaucoup de stress pour certains. Beaucoup savaient qu’ils ne vivraient ça qu’une seule fois dans leur vie, et encore aujourd’hui, ceux qui n’ont pas pu assister à ce week-end de magie le regrettent encore. Personellement, ça restera gravé dans ma mémoire à jamais. Parce que c’était la première fois que j’arrivais aussi loin dans l’expression de ma passion. Nouer un lien si fort avec l’une des créatrices de sa série préférée, c’est quelque chose de trop rare qui nous a été permis. Je dis si fort, car encore aujourd’hui il arrive aux principaux concernés de parler encore avec Noizi Ito, et de s’échanger des cadeaux. Quand vous recevez quatre ou cinq exemplaires du dernier dojinshi d’une illustratrice confirmée comme ça sans rien demander, vous savez que vous avez réussi quelque chose.
Il est intéressant de noter qu’entre temps, d’autres associations autour des fandoms et de la japanimation ont vu le jour, comme si la Brigade avait lancé un petit mouvement au sein des communautés otaku en France. Citons pèle-mèle les cousins de Forum Thalie, l’AEUG, Typemoon France (aujourd’hui Monotype) ou encore plus récemment de Vocaloid.fr. Mieux encore, une partie de la communauté de Vocaloid.fr a aujourd’hui crée sa propre entreprise, Voxwave qui gère une chanteuse virtuelle répondant au doux nom d’Alys. Il y a du chemin parcouru pour beaucoup de monde, et aujourd’hui même s’il y a de grandes chances pour que ces associations aient pu voir le jour sans la Brigade, celle-ci a été la première du lot à s’officialiser.
Il n’y a pas eu bien sûr que des moments heureux. La joie communicative et l’exhubérance de l’association et de ses membres ont mis plus d’une personne mal à l’aise. D’autres, en revanche, ont apprécié le dynamisme dont l’association a fait preuve dans ses précédentes apparitions. Il restait néanmoins toujours des « Anti-brigade », que ça soit parmi les visiteurs ou certains organisateurs. Trop voyants avec nos t-shirts rouges, trop bruyants, trop… trop quoi. On a appris à la dure qu’on ne pouvait pas plaire à tout le monde.
Si plein de projets ont été lancés par la suite au sein de la Brigade, nombre d’entre eux ne sont pas arrivés à maturité. En voulant prôner une autonomie pour tous, il y a eu trop de projets qui ont été laissés à l’abandon par leurs géniteurs. En soi rien de particulièrement surprenant, les gens vont et viennent, se passionnent d’une chose pour ensuite se concentrer sur une autre, mais il faut bien avouer qu’après Noizi Ito, la passion était un peu retombée, plombée par des prises de becs encore une fois entre bureau et non-bureau, parfois même au sein du bureau lui-même. Du drama quoi ! Une vie d’association ! Ca devenait tellement ingérable qu’au fil des ans, les meilleurs éléments, notamment les créatifs, se sont tournés vers d’autres cieux, vers plus d’indépendance. Comment leur en vouloir ? Entre le bureau qui ne les écoutait pas et voulait imposer ses choix, et certains créatifs qui ne comprenaient pas certaines réalités du marché, on assistait à un véritable dialogue de sourds. Cette partie de l’histoire de l’association est loin d’être reluisante : je le confesse, j’ai fait partie des méchants, et j’ai aussi dit des choses parfois horribles à certaines personnes que je regrette aujourd’hui profondèment. J’espère qu’elles ne m’en auront pas trop tenu rigueur.
Ca et puis, l’indépendance est toujours plus intéressante quand on crée. Je le sais très bien vu que hé, j’écris ! Pouvoir bénéficier du financement de la Brigade, de la logistique c’est cool, mais si on t’empêche de faire ce que tu veux, que ça soit parce que ça plait pas ou parce qu’on veut t’empêcher de faire une connerie, ça bride, c’est pas cool.
Il y a sûrement d’autres raisons au départ de nombreuses personnes talentueuses, mais il y en a une qui est immuable et commune à tous : à un moment, on veut passer à autre chose.
C’est un sentiment légitime et tout à fait compréhensible. Il y a un moment où on veut pouvoir voler de ses propres ailes, où on se tourne vers d’autres hobbies ou passions. Rappel : nombre de membres de l’association étaient encore mineures ou très jeunes, en pleines études… Faire la transition études vers travail n’est pas non plus aisé et chamboule beaucoup de choses dans sa vie, à commencer par le temps qu’on peut accorder à des activités autres. Il y a de rares personnes à qui j’en ai voulu de quitter le navire,car elles l’ont fait par opportunisme et pour foutre la merde plus qu’autre chose, mais pour tous les autres, pour l’écrasante majorité en fait, je comprends leurs choix.
Moi-même aujourd’hui je ne sais pas encore si je vais rester une année de plus à la barre. C’est toujours difficile de lâcher prise d’un projet qu’on a vu naître et dans lequel on a mis autant d’énergie. Mon attachement à cette association est colossal, car j’y ai vu débouler des gens qui aujourd’hui sont des adultes, matures et plein de bon sens alors que quand ils sont arrivés, ils étaient bien souvents naïfs, pleins de bonne volonté et d’énergie mais aussi trop fougueux. C’est amusant parce que c’est exactement le genre d’opposition qu’on trouve entre des vieux et des jeunes et ce peu importe le domaine. Comme quoi, certaines choses sont réellement immuables.
La suite est tout autant déprimante : peu à peu les effectifs se vident et aujourd’hui la Brigade SOS n’est plus que l’ombre de ce qu’elle a été autrefois. Normal me direz-vous, on passe à autre chose, et le renouvellement des membres n’a jamais réellement eu lieu. C’est dommage car aujourd’hui elle jouit encore d’une bonne image parmi les professionnels du secteur, en France comme au Japon (sauf chez un seul professionnel, mais je tairai son nom.) Bien que l’association ait redéfini ses buts depuis belle lurette et ne fait plus que du Haruhi, cela n’a pas suffi à ramener du sang neuf et ce malgré les efforts des présidents et présidentes d’association successifs.
C’est d’autant plus dommage que l’association est encore habitée de gens plein d’expérience mais qui aujourd’hui ne peuvent plus ou ne veulent plus donner autant d’énergie qu’auparavant. Après des années de bons et loyaux services, des vies qui changent (et qui naissent !) difficile de ne pas les comprendre.
C’est un bien triste portrait que j’ai dressé là, pourtant quand on regarde, quand on fait le bilan, la Brigade SOS m’a offert des souvenirs incroyables, qui seront à jamais reliés à Haruhi Suzumiya. J’espère également que chaque personne qui soit passé dans l’association en ait retiré des enseignements d’une manière ou d’une autre. Je veux le croire. Que ça soit Noizi Ito, que ça soit les bouffes gargantuesques à base de gratin dauphinois ou les sueurs froides dans les délais de livraison des fanzines, que les souvenirs soient bons ou mauvais, ils font partie de moi et de ma vie. J’y ai rencontré des gens formidables. Mais vraiment, hein. Des gens avec qui j’ai échangé jour et nuit sur des tas de sujets, des gens avec qui j’ai vécu sous le même toit, des gens qu’aujourd’hui je peux qualifier de véritables amis (sauf toi au fond là-bas.).
La Brigade SOS Francophone restera à jamais ma fierté. Elle restera la fierté de nombre de ses membres passés et présents. La Brigade, mais aussi Haruhi, ont profondément influencé ma vie, tout comme ont pu le faire Mahoromatic et Evangelion en leur temps. Certains en riront probablement, en citant nombre d’autres choses qui ont pu influencer leur vie. Qu’à cela ne tienne : je n’ai pas honte de dire qu’une oeuvre, que ça soit un anime, un livre de grande littérature ou une peinture, ait pu m’influencer dans ma façon de voir les choses.
Si j’ai bien retenu une leçon de la part de Haruhi, c’est qu’il faut croire en ses rêves pour les voir se réaliser. Quand j’ai pas trop la pèche je repense à ses aventures et ça me fait sourire et ça me redonne un peu d’énergie. Aujourd’hui encore, je cherche sans le trouver, une oeuvre, un univers qui saura me captiver autant, sans pour autant le trouver.
Si Haruhi m’a fait croire en mes rêves, la Brigade m’a fait les réaliser. L’association m’a appris qu’en groupe, qu’en groupe de passionnés, on pouvait faire bouger des choses et atteindre ses rêves. Que tout seul on avance pas, qu’il est nécessaire de s’entourer mais que pour ça il faut faire le premier pas vers les autres, chose ô combien difficile pour nombre d’entre nous otakes au poil dur. En nouant des contacts, en se regroupant, on arrive à faire des choses incroyables, la Brigade en est la preuve. Forum Thalie en est la preuve. Nijikai en est la preuve. Vous aurez compris !
Alors, que vous soyez simple visiteur de convention, téléspectateur fan de japanime ou ex-membre de l’association, qu’est-ce que Haruhi vous a apporté, au final ? Qu’en avez-vous retenu en bien ou en mal ? Et si vous avez été mêlé à la Brigade, qu’est-ce qu’elle a bien pu vous apporter ?
P.S. : Je viens de taper avec cet article l’équivalent d’un demi chapitre de Blind Spot ou d’Eternity. Je dois trop déprimer pour écrire autant 🙂
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