La Légende des Héros de la Galaxie, le space opera historique avec un grand H
Aujourd’hui je vais vous parler d’un monument très peu connu des fans d’animation japonaise, qui pourtant mérite amplement qu’on s’y attarde : la Légende des Héros de la Galaxie (titre français officiel : Les Héros de la Galaxie)
Ne fuyez pas tout de suite devant ce charadesign d’un autre âge, et resituons un peu le contexte : la série date de 1988 et a duré jusqu’en 1997. Je sais pas si vous vous rendez compte, hein. Legend of Galatic Heroes, qu’on raccourcira en LOGH (en japonais Gineiden), est un série d’OAVs, c’est à dire qu’il n’y a pas vraiment eu de diffusion télé à l’époque, mais que les 110 épisodes de la série (sans compter les deux spinoffs ou les films) sont sortis au compte-gouttes en VHS. C’est chaud et ça devait être vraiment dur à suivre au moment de sa sortie.
110 épisodes, c’est sans compter les films (pas vu) ou les deux séries spinoff (pas vues non plus) de 25 épisodes chacune qui sont du côté du jeune Yang et du jeune Reinhard. Mais qui sont ces personnages emblématiques ? Pourquoi parle-t-on de héros de la galaxie ? C’est quoi l’intêret de cette série au juste à part d’être moche et pleine de mecs ?
Nous allons y venir, mais d’abord parlons un peu du synopsis.
On est dans le futur. Loin dans le futur. Je vais pas vous sortir de dates parce qu’en vrai tout le monde s’en tape avant de se lancer dans l’aventure. Sachez juste qu’on est au moins au delà de l’année 3200 selon notre calendrier, et que l’humanité est partie conquérir les étoiles. Vous découvrirez comment au cours de la série mais sachez juste que lorsqu’elle commence, deux blocs s’affrontent : l’Empire Galactique et l’Alliance des Planètes Libres. Comme vous pouvez le voir sur la carte ci-dessus, les deux sont séparés par deux systèmes. L’un d’eux est contrôlé par l’Empire via la forteresse d’Iserlohn (un genre d’étoile noire imprenable) et la nation neutre de Fezzan. L’Alliance est dépeinte comme une démocratie embourbée dans la corruption et la bureaucratie, avec des militaires en bêret, et l’Empire, lui, est pas mal calqué sur la monarchie prusse dans l’esprit.
L’anime commence donc sur une bataille opposant l’Empire et l’Alliance, et quand on parle de batailles dans LOGH, on pense à des dizaines de milliers de vaisseaux qui s’affrontent à coups de lasers. Les batailles dans LOGH, c’est pas les petites escarmouches qu’on voit souvent dans les space operas. C’est des putain de batailles spatiales qui durent des heures voire des jours pour certaines, qui font des millions de morts et tout.
La série, adaptée de romans de SF écrits entre 1982 et 1987, tire son nom du fait qu’on va suivre l’évolution de ce monde complexe du point de vue d’un certain nombre de personnages. Et quand je dis un certain nombre, je pèse encore une fois mes mots. LOGH ne connait pas la demi-mesure, on a déjà vu que c’était le cas pour les armadas de vaisseaux, mais c’est encore pire avec les personnages qui ne se comptent même plus au bout d’un moment. La série est tellement touffue et complexe que chaque lieu, chaque personnage est nommé à l’écran lorsqu’il apparait pour la première fois dans un épisode, quand ça fait un moment qu’on ne l’a pas vu. Des noms comme Reinhard von Lohengramm, Yang Wen-Li, Bewcock, Mittermeyer, Poplin, Ruenthal, Cazerne, Attemborough, Steinhetz, etc. vont avoir du mal à rentrer, mais ils vont rentrer tellement vous allez apprendre à les connaître tout au long des épisodes. Après y’a des choses faciles à retenir : les personnages de l’Empire ont des noms à consonnance allemande, et tout le reste est soit de Fezzan, soit de l’Alliance des Planètes Libres.
Avec autant de personnages on pourrait penser qu’il est impossible de s’y retrouver, et pourtant ! LOGH fait un boulot admirable pour vous parler en long en large et en travers des personnages, si bien que quand leur heure vient, on ne peut s’empêcher d’être triste dans son petit coeur.
Si la série a autant de personnages, c’est qu’elle a beaucoup de choses à dire. Pendant quelques épisodes on suivra des gens de l’Empire, puis de l’Alliance… Même les figures emblématiques de la série, Yang Wen-Li pour l’Alliance et Reinhard von Lohengramm pour l’Empire, sont parfois totalement absents de certains épisodes.
Que va-t-il donc se passer durant 110 épisodes pour que ça soit si bien ? Hé bien des guerres, des complots, des affaires locales, des préparatifs, des retournements de situations, des affrontements épiques… Il y en a pour tous les goûts, et si la série ressemble plus à un documentaire historique (y’a même un narrateur qui vous rappellera les dates à chaque fin d’épisode, donnant une bonne indication du temps qui passe) qu’à une véritable série.
Qui sont donc Yang Wen-Li et Reinhard von Lohengramm, les deux protagonistes les plus emblématiques de la série ? Le problème de parler d’eux, c’est qu’il est impossible de ne pas parler des personnages qui les entoure. Yang est un historien qui a rejoint l’armée de l’Alliance car il était fauché. C’est en réalité un génie militaire qui s’ignore et qui passe son temps à dormir et picoler. Yang va rapidement être propulsé dans les plus hauts rangs de l’Alliance, et accumuler victoire sur victoire face à l’Empire, la plupart du temps en usant de ruses et de paris incensés. Le truc c’est que lui pense qu’il est juste chanceux, mais la simple mention de Yang Wen-Li fait pâlir les amiraux du camp adverse au bout d’un moment, à tel point qu’ils se montrent extrèmement prudents dans les batailles où il est impliqué, tellement ils ont la trouille qu’il ait une ruse dans son sac pour les contrer et les annihiler. Dit comme ça, Yang pourrait passer comme un gros connard, sauf que c’est en fait un type super gentil, peut-être même trop parfois.
De l’autre côté vous avez Reinhard von Lohengramm, jeune homme qui a gravi les échelons de l’armée impériale à cause de son sister complex (je vais pas étaler ça ici et maintenant, vous verrez.) C’est un grand stratège comme Yang Wen-Li, et les deux hommes se considéreront plus ou moins comme rivaux sur le champ de bataille. Bien sûr, Reinhard a de l’ambition, et est bien décidé à devenir plus qu’un simple amiral de l’Empire. Son amour du combat et de la guerre et sa capacité à rassembler forcera le respect de ses pairs tout au long de la série.
Comme je el disais plus haut, il n’y a pas nécessairement de méchants et de gentils dans LOGH. Il ne faut pas voir l’Alliance comme les gentils démocrates et l’Empire comme l’autocratie/monarchie vile et répressive. Chaque camp a ses personnages, ses histoires, ses bons côtés et ses mauvais côtés, si bien qu’on s’attache rapidement à tout le monde. Par contre, le ratio homme/femme est violemment à l’avantage des hommes : vous verrez très peu de femmes d’un côté comme de l’autre, mais celles que vous verrez seront particulièrement importantes. Que cela soit Frederica Greenhill ou Hildegarde von Mariendorf, ou encore Katerose, elles joueront souvent un rôle important à bien des moments de l’Histoire.
Ce qui fait la force de LOGH, ce n’est pas seulement ses personnages mais son univers où tout est finement détaillé. Certes on pourra s’interroger pourquoi au 32ème siècle on a pas de meilleurs moyens de communication, pourquoi les vêtements et les demeures ressemblent à des reliques du passé côté Empire, mais ce look rétro-futuriste donne un cachet tout à fait charmant à l’ensemble. Comme si on essayait de ne pas trop nous dépayser en transposant des éléments de notre époque dans un futur lointain. Beaucoup de décisions prises dans LOGH ont parfois d’énormes conséquences, qu’on ne découvre que 50 épisodes plus tard. C’est cette attention du détail qui force le respect. Ca et puis aussi le fait qu’aucun des deux principaux camps n’est vraiment détestable. Pour vous dire j’ai bien du mal à savoir pour quel camp je suis au final !
LOGH, c’est aussi un combat entre la démocratie et l’autocratie. Un thème qui reviendra très souvent tout au long de la série. Bien sûr quand il est question de politique, on retrouve les orentiations de l’auteur dans son oeuvre, et sans spoiler, on ne peut s’empêcher de voir certaines similitudes avec le Japon sur la fin des 110 épisodes.
J’aurais tellement de choses à dire sur cette série… Je l’ai suivie durant quatre mois et demi, et chaque épisode fourmillait d’informations captivantes sur l’univers. On pourra regretter un grand nombre de flashbacks sur la fin, ou le narrateur qui parfois vous spoile la suite sans crier gare, (du genre « Ils ne le savaient pas encore mais ils allaient amèrement regretter cette décision. ») ou encore (l’absence) d’animation, mais il faut bien comprendre que vu la taille d’une telle série et l’époque, il est difficile d’en espérer autant qu’une série de 2016.
Si vous cherchez une série à mater sur la longueur, un petit peu chaque jour, si vous cherchez un véritable space opera avec des moments épiques, tragiques, avec des batailles dont l’issue est impossible à deviner au départ, avec des personnages charismatiques à tous les niveaux (méchants ou gentils, empereurs ou sous-fifres), alors vous avez probablement devant vous l’une des sagas les plus intéressantes à suivre. Bon, faut pas être allergique à l’omniprésence de l’armée d’un côté comme de l’autre, sinon on va vite se faire chier, mais si on est un minimum sensible à la stratégie, aux grandes batailles et à l’honneur, alors on peut apprécier la série.
Et non, LOGH n’est pas gay. C’est pas parce qu’il y a plein d’hommes en uniforme que c’est le cas. Il doit y avoir à peine une relation homosexuelle dans toute l’histoire et encore, elle est implicite.
Alors, par contre, comment commencer ? Question difficile. A moins de parler japonais et de lâcher un SMIC entier dans les versions physiques, il va être très difficile de se lancer dans l’univers. Kaze avait sorti à un moment les films chez nous, mais hélas, bien qu’ils soient de très bonnes portes d’entrée dans l’univers, ils vont être très difficiles à trouver. Votre meilleur pari sera hélas de vous tourner vers l’illégalité. Heureusement, un groupe de fansub français a fait un boulot monstre (mais avec beaucoup de fautes quand même) pour traduire toute la série. Ca reste néanmoins tout à fait visionnable.
Si comme moi ce genre vous manque énormément, alors foncez, ça vaut réellement le coup de mater ça le midi et le soir durant chaque repas, un peu comme un feuilleton.
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