The Wandering Inn – Installez-vous, je vous sers un verre de jus de fruit bleu et des pâtes.
EDIT Avril 2021 : Il existe une fan-traduction en français ! A l’heure où j’écris ces lignes, les traducteurs ont fait les 2 premiers volumes. C’est un travail de très longue haleine, mais j’espère que cette traduction vous aidera à tenter le début de l’histoire et peut-être à continuer en anglais si ça vous plaît beaucoup trop. 🙂 La fan traduction peut se trouver par ici. Une version plus adaptée à la lecture mobile sera disponible bientôt
Cela faisait un moment que je n’avais pas pris le temps de m’installer pour vous parler d’une oeuvre. J’aurais pu vous parler du jeu 13 Sentinels : Aegis Rim sur PS4 sorti récemment et que j’ai fortement apprécié, mais ça serait faire une redite de l’excellent test de Gamekult. Donc, aucun intêret. Enfin si, celui de vous dire d’aller y jouer, parce que ça vaut le coup, grave.
Non, aujourd’hui si je suis là c’est pour vous parler de The Wandering Inn, que les illustres Sébastien Ruchet et Alice Sutaren m’ont vivement conseillé. Et quand je dis vivement, ils ont été… assez persuasifs, au point d’éveiller ma curiosité.
C’est donc, un peu à l’aveugle (*rires enregistrés*) que je me suis lancé dans cette web novel commencée en 2016 et régulièrement mise à jour depuis, tous les mardis et samedis.
Et quelle connerie j’ai faite… car je suis tombé sur un récit qui aspire mon temps libre depuis.
Le synopsis de The Wandering Inn, c’est plus ou moins un isekai où on suit la vie de la jeune Erin Solstice, une femme de notre monde qui s’est retrouvée mystérieusement transportée dans un monde de fantasy. Sauf que The Wandering Inn n’est pas une production japonaise. Exit donc les poncifs du genre, avec les héros cheatés d’une manière ou d’une autre. Non, Erin n’est pas une héroïne vouée à devenir une aventurière célèbre. Elle tout ce qu’elle veut c’est survivre, déjà, pour commencer. Parce que le monde de The Wandering Inn est aussi détaillé que mortel : crabes-rochers, mouches acides, poissons carnivores, goblins cruels, et j’en passe. Son arrivée s’est faite devant un dragon, qui l’a expulsée de sa grotte à grands crachats de flammes. Puis elle s’est faite courser par des gobelins, avant de finir dans une auberge abandonnée au beau milieu de nulle part. Une auberge qui deviendra sa maison.
Ce n’est qu’après avoir fait un peu de rangement à l’intérieur qu’une voix dans sa tête lui annonce qu’elle est devenue [Aubergiste] de niveau 1 au moment de s’endormir. Hein, quoi ?
Le monde où évolue Erin est régi par des classes et des niveaux, à la manière d’un jeu vidéo. Les niveaux donnent des compétences qui serviront (ou pas). La comparaison avec les JV s’arrête cependant ici car le monde lui est bien réel. Elle va vite s’apercevoir qu’elle est la seule humaine dans le coin, d’ailleurs, et qu’il va falloir qu’elle gère entre son auberge, ses voisins, et ceux qui viennent chercher un bon repas. Mais Erin vient de notre monde à nous et a donc quelques connaissances qui lui seront fort utiles.
Bien que le monde dans lequel elle a attéri n’est pas rose, il n’est pas complètement sombre non plus. L’auteur arrive parfaitement à équilibrer ça, d’ailleurs. Il y aura des moments difficiles dans The Wandering Inn, mais aussi des moments joyeux, intenses, dramatiques, héroïques ou hilarants.
J’évite de trop vous en dire plus, même si c’est difficile : l’histoire est assez imprévisible et rafrachissante. Erin est un personnage extrèmement attachant, aux réactions parfaitement normales et humaines. Elle ressentira la peur, la détresse, l’incertitude face à des choix moraux, et son évolution est particulièrement plaisante à suivre. Elle et tous les autres personnages qui l’entourent.
Erin n’est cependant pas le seul personnage que l’on suivra. Ryoka Griffin est aussi un cas à part. Les chapitres la concernant sont d’ailleurs suffixés d’un « R ».
Dire que The Wandering Inn est passionnant est un doux euphémisme. J’ai avalé depuis deux semaines une quarantaine de chapitres. Au début ils sont assez petits, puis grimpent à 7500-10000 mots (l’histoire fait actuellement 7 volumes, pour 5,7 millions de mots (!)) Chaque fin de chapitre est un véritable page turner, où on a immédiatement envie de connaître la suite. The Wandering Inn, c’est aussi un univers super travaillé, pour le peu que j’en ai lu (je suis au chapitre 1.40) avec des races non-humaines très cohérentes et intriguantes. C’est surtout le fait que Erin, depuis son auberge, va intéresser énormément de monde vu son attitude et sa bizarrerie d’humaine de notre monde. De nombreux personnages, certains importants, vont être intrigués par elle et sa façon de traîter monstres comme les autres personnages. Et quel est ce skill [Instant Immortel] au juste ? D’où elle sort cette recette de pâtes si délicieuses ?
Mais tout ça, ça ne serait rien sans le style de l’auteur, Pirateaba. On est pas là pour de la grande littérature, on est pas devant un Tolkien. Pirateaba n’en fait pas des caisses, ne passe pas son temps à décrire toutes les situations, laissant ainsi libre cours à l’imagination du lecteur. C’est quelque chose que je respecte énormément, mais surtout ses dialogues sont percutants et plein de vie. Les personnages ont tous leur manière de parler bien à eux. Alors qu’on ne sait jamais grand chose d’eux (au départ), les personnages ont tout de suite un charme fou et sont parfaitement identifiables via leurs actions et leurs paroles.
Pour ne rien gâcher, la mise en scène frôle très souvent le grandiose, que ça soit Ryoka effectuant une livraison dangeureuse pour des aventuriers en péril ou Erin jouant aux echecs dans l’herbe après un évènement tragique, l’auteur arrive à rendre ces situations inoubliables grâce à une pincée de mots savamment dosés. J’ai pleuré lors des chapitres 1.26 et 1.27 tellement c’était tout simplement …beau.
Et bon sang, que ça fait du bien de retrouver un texte pareil ! Je n’avais plus ressenti ça depuis des années ! Depuis certianes fanfictions, à vrai dire. Le style de Pirateaba m’a pas mal rappelé celui de Stefan Gagne lors de ses récits sur Slayers. Si bien sûr ce ne sont pas les mêmes, j’ai eu le même ressenti qu’en lisant ces fanfictions en leur temps. The Wandering Inn, c’est une bouffée d’air frais incroyable. On a juste envie de continuer à lire, de tourner la page, encore et encore, de suivre les aventures d’aubergiste d’Erin, de coureuse de Ryoka, et tous ces personnages que je ne connais pas encore ! Merde quoi, j’ai même pas fini le volume 1, il y en a 7 déjà !
Je comprends Sébastien quand il me disait ne pas comprendre pourquoi The Wandering Inn et d’autres webnovels ne sont pas plus connus que ça. Je trouve ça incroyable également, ça faisait longtemps que je n’étais pas tombé sur une perle pareille, en me disant tout de suite « Il faut absolument que je fasse découvrir ce truc à tout le monde. » Et c’est ce que je fais maitnenant en écrivant cet article !
Au début je comptais le prendre sous format ebook, mais au final, je le lis sur le site web. L’auteur profite des commentaires sur chaque chapitre pour répondre aux questions des lecteurs mais aussi apporter ses propres pensées. Il a d’ailleurs rédigé une foire aux questions intéressantes sur comment écrire. Son Patreon lui-même est… drôle ! Les tiers sont très bien choisis et drôles, comme ce tier à 10000$ ou l’auteur prévient qu’il prendra des vacances si quelqu’un lui paye ça et que du coup il n’y aura plus de chapitres. Un excellent moyen d’empêcher les fans de trop dépenser !
Toutes ces qualités font pour moi de The Wandering Inn une saga à découvrir absolument et à dévorer (avec modération). Alors oui, c’est en anglais, mais le niveau de vocabulaire n’est pas non plus particulièrement elevé. Au pire, armez-vous de Google Translate pour les passages ou les mots où vous avez un doute et vous verrez, ça glissera tout seul !
D’un point de vue plus personnel, ça m’a aussi mis un petit coup au moral concernant mes propres écrits. Y’a pas à tortiller du cul, The Wandering Inn est exactement le genre d’histoire que j’aurais aimé écrire moi-même, et me met devant toutes mes lacunes en écriture, en planification de récit surtout, en fait. Si j’ai pas trop à rougir de mon propre style, je suis une infinie merde en planification et pour créer des intrigues. Mes désaccords avec mon ex-éditeur pour Eternity me l’ont bien montré : j’ai beaucoup de mal à créer une intrigue et la mener quelque part. Je suis probablement trop tôt dans l’histoire de The Wandering Inn pour le dire, mais même sans ça, on sent que ça se développe tout seul, que chaque chapitre apporte quelque chose d’important à l’univers. Comme Erin ne connaît rien du monde qui l’entoure, elle est certes un excellent outil pour l’auteur pour nous expliquer comment l’univers fonctionne, mais sans jamais abuser des monologues d’explications par les autres personnages. Quand on apprend quelque chose, c’est grâce aux actions d’Erin, et c’est réellement à travers elle qu’on en découvre encore plus.
Bref, j’en ai à la fois trop dit et pas assez !
Faites-moi confiance et venez visiter The Wandering Inn. Pas de bagarre à l’intérieur par contre, sauf si vous voulez affronter la poèle à frire d’Erin.
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