(Note brève : non ce n’est pas un repost, ce billet est bien finalisé cette fois. En espérant pour ceux qui pourront le voir à Nantes qu’ils aimeront :))
Avec au moins un an de retard, voilà la suite attendue à Rebuild of Evangelion 1.0.
En guise d’introduction, quelques brèves que votre serviteur a pu recueillir directement de la bouche de la Gainax :
– Le copyright de 1.0 indiquait "GAINAX – Khara" ; celui de 2.0 indique "Khara". Un peu de contexte, prélevé directement de la bouche de messieurs Akai et Yamaga, fondateurs de la Gainax ; à l’époque, 2007, GAINAX était, comme vous le savez certainement, en pleine production de Gurren Lagann, et avait mobilisé toutes ses forces pour son nouveau bébé dont la gestation s’est faite dans la douleur (4~5 ans de planchage sur l’idée d’origine !), et n’a pas pu prêter toutes ses forces à Khara, la nouvelle boîte de Anno. Chose qu’il a apparemment très mal prise, considérant comme acquis que pour un évènement tel que Rebuild of Eva, il fallait forcément qu’ils mobilisent toutes leurs forces. (Alors qu’il avait juste dit "Si vous avez le temps, venez donner un coup de main" ; il se trouve qu’ils n’ont pas eu le temps, et malgré tout… il a vraiment gardé une dent contre Gainax après ça.)
– Projet "Rebuild" sur lequel le reste de Gainax n’avait évidemment pas pu avoir grand chose à dire, car connaissant Anno, il était inutile de l’arrêter une fois lancé sur son idée ; Rappelons tout de même que si la production est gérée par Khara, c’est toujours Gainax qui sert de gestionnaire des droits, et pour citer les mots des deux fondateurs, il "laisse toute la paperasse ennuyeuse à Gainax". Et donc ; fort marri que Gainax n’ait pas aidé autant sur le film 1 qu’ils auraient dû selon lui, il a retiré la marque de copyright de GAINAX sur le deux, ce qui a été accepté et accueilli d’une réaction qu’on peut pratiquement qualifier de "Oui, oui, c’est bon… " ("in texto" de Yamaga & Akai) ; tout pour éviter de vexer l’autre partie et ne pas s’impliquer trop émotionellement dans un problème au fond superficiel. Il est toutefois à noter que Gainax ayant participé à l’effort de guerre la production du second film, alors que Khara était dans son heure de désespoir avec la production, les bonnes relations ont été restaurées.
Bref.
Passons au film lui-même.
On nous laissait à la fin du premier film, qui reprenait les épisodes 1 à 6 en ayant mis l’accent sur ce cher Ramiel (5ème/6ème ange), sans trop de surprises, excepté quelques révélations faites bien plus tôt que dans la série. Sauf. Un final qui semble nous propulser à la fois très très loin dans ce qu’on connaît déjà, mais aussi encore plus loin dans ce qu’on connaît pas du tout et qu’on peut à peine commencer à envisager.
Il est à préciser d’ores et déjà, même si ceux qui ont vu la preview du présent film dans 1.0 le savent déjà plus ou moins, que le déroulement n’a plus grand chose à voir avec la série dont les présents films sont tirés. Et que l’action s’enchaîne à un rythme vraiment haletant, avec une OST en grande partie connue, mais révisée pour gagner le punch nécessaire et nous inonder d’adrénaline. Elle comprendra également de nouveaux morceaux spécialement conçus pour le film, qui ne peuvent pas laisser indifférents.
Voyez notamment le trailer du film, quelques notes de musique sauront exprimer ce que je veux dire mille fois mieux que des mots…
Une musique angoissante à souhait, qui prend vraiment aux tripes, avec un petit air des musiques les plus énormes de l’OST d’Evangelion ou de Nadia. Je reviendrai dessus plus bas, il vous suffira juste de savoir que cette musique est à RoE 2.0 ce que "Angels of Doom" était à RoE 1.0, et que le sentiment d’horreur et dimpuissance montante, puis de catastrophe qui s’abat de façon implacable n’est pas une vulgaire illusion.
Quant au titre ? Rebuild of Evangelion 2.0 : Ha, écrit en japonais avec le kanji de la vague. Qui se lit également "Nami" ; là, plusieurs interprétations sont d’ores et déjà possibles quant à pourquoi ce titre ; une vague destructrice qui s’abat sur la vie de Shinji (comme la preview du 2.0 dans le film 1.0 laissait entendre)… Mais le plus probable est très certainement lié aux personnages suivants : ShikiNAMI Asuka Langley, AyaNAMI Rei, Mari MakiNAMI Illustrious… Eh oui, vous aurez remarqué le changement de nom d’Asuka, qui a provoqué un tollé chez les otakus quand ils l’ont appris, les poussant d’ores et déjà à renier Rebuild avant même de réfléchir, l’effet TheyChangedItNowItSucks (voir TVTropes ; Disclaimer : je n’assume aucune responsabilité pour le caractère chronophage de ce site, vous êtes prévenus.). D’un autre côté, ce changement unifie la thématique de noms basés sur les bâtiments de guerre de la marine Japonaise, le film tourne bien autour de ces trois personnages, et leurs interactions avec Shinji. Je sens ça comme une volonté de faire le ménage dans un fatras de concepts et de références, maintenant que l’occasion en est donnée ; volonté qu’on ressent autant dans les passages pseudo-techniques sur les Evangelion, ou même sur le contexte mondial.
L’autre point principal que j’ai envie de souligner, c’est l’impression que j’ai eue dans le traitement des trois Children mentionnés plus haut. Comme si Anno avait voulu dire à tous les otakus "Ah vous trouvez mes persos ‘moe’ ? J’vais vous en donner, moi, du moe !", et les prendre bien à rebrousse-poil en mêlant une dose d’horreur pure, de répulsion, et de réalité sanglante dans ce qui aurait pu ressembler au début à un cocktail sentimental.
Pour la globalité du film ? Comme je disais il y a deux ans, Anno avait également mis d’emblée toute sa mise sur la table, au risque de se faire massacrer au tournant au premier ratage. Je ne dirai qu’une chose honnêtement : j’ai été scotché, pris aux tripes par un malaise captivant, du même genre que celui qui fait qu’on adore la série après l’épisode 15, mais en un peu plus fort ; du même genre que celui qui fait qu’on aime/déteste End of Evangelion, mais en "mieux" dosé. Comme si cette fois ce n’était pas, juste un missile lancé en manquant de carburant, et qui aurait raté sa cible de peu, ou juste un missile lancé avec trop de carburant, pour aller "le plus loin possible" ; mais bien cette fois pour aller juste "là où Anno veut aller". Plusieurs révélations du genre "Punaise, c’est ça qu’ils voulaient faire dans la série en fait ?", à la lumière des clarifications de concepts sus-mentionnés. Et je crois qu’au stade où j’écris tout ça, j’ai déjà été bien captivé et conquis. Je n’ai clairement pas ressenti une énorme révolution, mais en tout cas c’est un impact supérieur, très supérieur au premier film.
A prioris : Evidemment, il fallait se faire spoiler par les bloggeurs qui sont allés le voir le premier jour. Leurs résumés hébétés ont fait lacher un énorme "WTF" à tout le monde, mais les évènements ainsi narrés, étaient tellement foireux, si vous me passez l’expression, que tout ça laissait vraiment croire à une invention de toutes pièces. Je suis donc parti voir ce film en me disant "C’est pas possible, ça peut pas s’être passé comme ça ; ça foutrait tout en l’air. Enfin, voyons ce qu’il en est."
Plaisir visuel : Encore une fois très très agréable. Il y a encore aussi de la belle démonstration technique, et pas que sur les plans de Tokyo-3. Punaise, les anges ont vraiment eu un upgrade cosmétique majeur, et ça joue pour beaucoup dans leur impact. Si vous aviez déjà trouvé Zeruel flippant dans la série, là, il est tout simplement horrifiant et ignoble. Je crois bien que c’est le thème de ce film, l’horreur.
Plaisir auditif : Des reprises de pistes déjà connues, avec plus de punch encore ; Des scènes contemplatives très appréciables pour se reposer un peu entre les scènes d’action haletantes à 300 à l’heure. Des musiques horrifiantes avec des airs des musiques les plus lourdes et sanglantes d’Evangelion ou Nadia comme dit plus haut, pour certains passages de combat ; Et encore une fois, une dissonance "musique joyeuse"/"ambiance angoissante" et qui vous prend aux tripes sur les moments d’horreur les plus forts, comme la série et End of Evangelion avaient su si bien le faire. Voilà qui donne une nouvelle profondeur à beaucoup de passages que l’on avait ainsi cru connaître.
Ambiance globale : De l’action en masse, à l’exécution à chaque fois irréprochable. On est scotché au siège. Et surtout, l’action est bien plus violente, avec bavures, et angoissante que dans la série. Oui, je sais, j’utilise beaucoup ce dernier mot, mais trouvez-moi autre chose pour décrire ce qui vous traverse les tripes à chaque fois que vous sentez une petite poussée d’horreur, d’adrénaline et de désespoir pour les personnages sur le grand écran. Quoi qu’il en soit, on ressort avec les tripes aussi retournées que la première fois qu’on voit les dix derniers épisodes d’Evangelion, voire les films. Une seule chose change, on se dit "Ah les cons, ils sont allés aussi loin pour le SECOND film ? C’est ça qu’ils voulaient faire dans la série en fait ?" en sortant de la salle.
Scénario : Difficile à bien résumer. A première vue, du bric et du broc des points clés des épisodes 8 à 19 inclus, en zappant beaucoup d’anges au passage. On en a même de nouveaux au passage, et le déroulement des évènements avec les différences subtiles (évoquées dans les "a prioris") fait en fait encore, beaucoup, beaucoup plus mal. Disons qu’on mélange subtilement moments attendrissants et hurlements intérieurs désespérés… Mais, si "à première vue" ce n’est pas si ordonné en repensant à la série, dans le contexte du film, ils ont fait un grand ménage dans beaucoup de concepts clé.
Mari : Le personnage de Mari me semble justement là pour donner une bouffée de "moe" et faire tripper l’otaku de base, pour violemment contredire cette tendance de la façon la plus trash possible, lorsqu’on la voit au combat. Il n’y a vraiment que deux mots pour la décrire : Blood Knight. A noter qu’on entend à peine une fois son nom dans le film, et qu’il faut l’entendre parler anglais pour ne pas le rater, ou alors le lire sur la preview du 3 ! Entre Ryougi Shiki et Mari, sérieusement, c’est à croire que Maaya Sakamoto a un truc pour les personnages qui se recherchent à travers le combat.
"La suite, quoi !" : Devinez ce qu’on dit en sortant du cinéma après avoir vu la fin du credit roll et le preview. Devinez un peu.
(Attention, le reste de l’article contient un descriptif qui se veut exhaustif du film, des changements, et des spoilers)
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