(Quatre-Quart-)Beta: Aion
Ma relation avec les MMORPG est très ambigue. Je suis très sensible à leurs univers, leur gameplay, l’attrait de la nouveauté, et aussi le style, mais je m’en lasse relativement vite. Le seul qui ai réussi à me scotcher suffisament longtemps (plus d’un an et demi) fut Eve Online. Je ne suis pas là pour tester Eve Online, mais sachez juste que Eve est le jeu le plus chronophage de tout l’univers, et que les joueurs de WoW qui répètent inlassablement les mêmes raids et instances ne sont que des moutons primitifs comparés aux joueurs de Eve qui font évoluer leur monde par eux-même.
J’aimerais bien vous faire un test de Eve Online, mais vous montrer Ayako Suzumiya en action demanderait un peu trop d’efforts de ma part: réinstaller le client, réactiver le compte, et surtout me demander comment me dépètrer de la mouise dans lequel mon personnage doit être à l’heure actuelle: sans corporation ni alliance et au milieu de nulle part (Immensea, si ça vous dit quelque chose). Joie.
C’est pour ça que je vais donc vous parler d’Aion et de sa beta ouverte…
A la base je ne voulais pas me remettre ni toucher à un MMORPG. Plus jamais. Mon MMO idéal s’appelle Eve Online et il consomme trop de temps pour moi. Mais bon, ayant encore 2 jours de vacances et ayant terminé Tales of Vesperia récemment, vous vous doutez bien qu’il fallait que je trouve de quoi m’occuper. C’est à ce moment qu’un compagnon RafaL ayant précommandé Aion m’offre ses login et pass pour la beta ouverte. Lui, il s’en fout, car il est déjà convaincu et les persos seront effacés avant le vrai début du jeu. Pourquoi pas me dis-je, et ce n’est qu’après un long téléchargement de 9 Go que je me suis enfin mis à créer mon personnage. Ouais, 9 Go à télécharger, 11 une fois installé. On ne peut pas dire qu’ils y vont avec le dos de la cuillère.
En avant donc pour la création de personnage: ça a l’air super simple vu comme ça, mais j’y ai passé un sacré bout de temps: la forme du corps et du visage est entièrement customisable (façon City of Heroes) permettant de ne pas se ballader en voyant son clone partout: une quarantaine de coiffures différentes par sexe sont ainsi disponibles, et on peut donc se lâcher à tous les petits délires possibles. Par contre, début du jeu oblige, on est cantonnés aux mêmes vêtements que les autres.
Notez bien que ce petit test du jeu se base sur une bonne douzaine d’heures de jeu. Pas de quoi se fixer sur tout ce que propose un MMORPG, mais on peut s’en faire déjà une bonne idée. Le problème, c’est que douze heures de jeu, c’est ce qu’il faudra au joueur moyen pour terminer le (long) prologue, faisant penser quelque peu à l’Eden de Guild Wars. En fait, ce n’est pas la seule chose qui vous fera penser à Guild Wars en commençant Aion: beaucoup d’aspects du jeu, à commencer par les animations, le design des personnages et les décors, vous aurez comme l’impression somme toute légitime d’être en face d’une suite fantastique de Guild Wars. Sauf que là, c’est un vrai MMO avec des vrais bouts de jeu en ligne dedans.
Pour tester, j’ai donc pris Scout, l’une des quatre classes de départ disponibles parmi Guerrier, Mage et Prètre. Ca ne vole pas bien haut à priori, mais arrivé au niveau 10, c’est là que l’on choisit se spécialise. Dans mon cas, j’ai eu le choix entre Assassin et Ranger. Ca m’a rassuré, car le Scout ne manie pas d’arcs, alors que c’est ce qu eje cherchais en prenant cette classe. A voir ensuite comment les autres classes primaires se divisent une fois arrivés au niveau 10. J’ai d’ailleurs eu l’impression que ça montait bien moins vite qu’à World of Warcraft par exemple, malgré les 50 niveaux permis.
Pour les habitués du MMO, vous naviguerez en terrain connu: Aion ne révolutionne pas et ne tente pas de perdre les joueurs dans une interface voulant se démarquer. A part le placement, on retrouve grosso merdo le même genre d’outils que chez la concurrence. Pire encore, cette ressemblance se retrouve même dans le gameplay, avec des quêtes à loot somme toute basiques. Elles ont néanmoins le mérite d’être un tant soit peu intéressantes car elles mettent en scène les NPCs qui vous les confient, un peu à la façon de Guild Wars encore une fois. L’histoire se construit avec le joueur en son centre, et comme dans Guild Wars, toujours, on pourra entrevoir de courtes cinématiques avec notre héros dans la peau de l’acteur principal. Quoi qu’on en dise et malgré tous les défauts scénaristiques que ça comporte, ça motive un petit peu le ou les joueurs impliqués dans un grosse quête.
Sans révolutionner le genre du tout, Aion reste quand même plaisant à jouer avec des quêtes ici et là permettant de savoir exactement où aller chercher tel item nécessaire à une quête, ou où trouver tel NPC qui nous donnera une potion. A la manière des meilleurs add-ons de World of Warcraft ou de Guild Wars, on retrouve donc un système qui affiche sur la minimap là où l’on doit se rendre pour espérer trouver notre bonheur. A ce sujet, les monstres repop assez vite et surtout, droppent relativement souvent les items dont on a besoin. Chouette.
Outre l’aide pour les quêtes, l’aide pour le jeu prend par la main grâce à des petites vidéos montrant les mouvements à effectuer pour grouper, équiper un objet, incruster une manastone dans une arme, et d’autres éléments d’interface. Ces aides arrivent néanmoins un peu tard: j’avais en général besoin d’elles avant leur apparition et j’ai su trouver comment faire sans trop me casser la tête: c’est une bonne chose, ça prouve que l’interface est suffisament intuitive et claire pour se passer d’un manuel de 200 pages.
N’allez pas croire que le jeu est simplifié avec tout ça: je suis mort plus d’une fois et les régles standard d’un bon MMO s’appliquent toujours ici. En gros, on ne pull pas plusieurs monstres à la fois, on utilise tous les skills à sa disposition et on se fait de l’expérience comme un taré pour pouvoir se prendre une armure comme il faut. A noter que les skills augmentent avec votre niveau, il est donc impératif d’obtenir les skills dés que possible pour son propre niveau afin qu’ils n’aient pas de retard sur vous. Les skills s’achètent tout simplement chez votre entraîneur préféré. A noter que vous avez un entrepôt de compte qui vous permet d’échanger des items simplement entre personnages d’un même compte.
Non, le vrai problème d’Aion c’est qu’il ne surprend pas. Il n’y a qu’au moment où on voit pour la première fois son personnage voler avec les ailes que l’on se dit "woah". Mais à part ça, la mise en scène des cinématiques est trop rapide pour marquer, et les textes des quêtes pas asez captivants (en plus d’être difficiles à lire avec leurs polices minuscules). Ca ne devrait pas arrêter le fan de MMO accro au PVP et au grind en règle, mais pour quelqu’un qui cherche à se faire du bon PVE, à vivre une histoire avec ses amis et à s’intéresser à l’univers, la pente va être un peu rude.
Hélas, cette absence de surprise se retrouve aussi dans le gameplay avec des skills qui pour le moment manquent d’originalité, des quêtes aux objectifs de fond variés mais à l’execution et à la forme classique (va voir machin, va porter ça à truc, va tuer 6 abeilles carnivores, etc). Nul doute que le jeu doit se rattraper sur la suite des évènements: une fois niveau 10 on accède à la capitale du coin et on a droit à une belle brochette de quêtes et de possibilités qui redonnent espoir dans le jeu: car avant de passer ce cap du niveau 10, il faut quelque peu lutter pour s’intéresser à l’histoire qui ne concerne pas vraiment le joueur ni sa patrie.
On est pas lâchés dans la nature comme dans un bon Eve Online passé ce cap, mais on a enfin l’impression de respirer, d’avoir des possibilités, des choses à faire, des routes à explorer. C’est assez grisant de voir la grandeur de la ville et de ses hauteurs, car le jeu dispose d’une technique qui fait son travail. Difficile de faire plus moche que World of Warcraft de nos jours, et Aion s’en tire bien et avec une fluidité bien comme il faut sur ma Naru à moi (Intel Quad Core Q6600 4 Go de RAM avec Geforce 8800 GTS).
La question c’est, est-ce qu’Aion a une chance de percer? Très honnêtement j’y crois pas du tout. Les gens qui ont tous soit disant migré depuis d’autres MMORPG déjà établis comme FInal Fantasy XI, World of Warcraft ou d’autres, reviendront vers leurs terres d’origine à la prochaine mise à jour. Quant à savoir s’ils se lasseront d’Aion avant, je ne pense pas. Ils trouveront dans Aion ce qu’ils avaient dans leurs autres MMO puisque ce dernier emprunte un peu partout tout ce qui marche. Le problème, c’est que ça ne fait pas un MMO parfait, mais un MMO tout juste dans la bonne moyenne. Impossible de juger le contenu avec si peu d’heures de jeu et impossible de juger le reste du gameplay a un si bas niveau (j’ai encore à tester le gameplay avec les ailes après tout) mais pour le moment, je ne suis pas tellement emballé par ce que j’ai vu…
Quoi que en fait…
Y’a pas à dire, le design des personnages, des armures et des décors se débrouille bien par rapport à la concurrence, surtout par rapport à un Warhammer qui à mon humble avis ne ressemble à rien. Aion est joli, bien fignolé (pour une open beta) et exempt de bugs majeurs et chiants (a vrai dire je serais même incapble de vous citer le moindre bug mineur si on excepte le texte du jeu parfois mal cadré et l’absence de VF) et est poussé par NCSoft, habitué à sortir des MMO en série et à les soutenir (si on excepte Taboulet Rasé). Ceci étant dit, Age of Conan bénéficiait aussi d’un univers original, d’une grande beauté et d’un gameplay innovant… Aion connaîtra-t-il le même sort? Difficile à dire, en général les développeurs n’arrivent pas à créer du contenu High Level aussi rapidement que les joueurs mettent à y accéder, ce qui fera sûrement des déçus; Le RvR, le PvPvE et d’autres modes de jeu arriveront-ils à hisser Aion en haut de l’affiche?
Ce qui est sûr c’est que pour l’instant je ne vais pas m’y abonner. Peut-être m’y mettrai-je plus tard: en tous cas il est sur la liste des candidats potentiels, puisqu’il a réussi à me séduire, là où Age of Conan n’y était pas arrivé cette année.
Allez, pour terminer en beauté, quelques derniers screens: