Kimi no iru machi / A Town Where You Live – Coup de foudre et coup de coeur
J’aurais pu sous-titrer ce billet « un amour de manga » histoire de faire mon kikoolol mais en fait non.
Je tiens à préciser d’emblée que je vais m’efforcer de ne pas spoiler. Ca va être un peu compliqué car il y a bien certaines séries où il est difficile de parler sans révèler les retournements de situation. KNIM a le même problème, car si je vous parle d’une scène particulière, vous allez comprendre rapidement que tel out el personnage sont ensemble à ce moment, même si ça peut paraître évident, c’est toujours mieux pour vous, lecteur.
Autre chose : un animé est sorti il y a quelques années, mais je vous déconseille très, très fortement de le regarder. Non seulement il est atrocement animé, mais en plus de ça il condense plus de cent chapitres du manga en 12-13 épisodes, avec des élipses temporelles tellement puissantes que vous vous demandez si vous n’êtes pas dans un autre monde.
Préférez plutôt le manga sorti chez nous chez Pika. Attention le volume 12 est bizarrement difficile à trouver. La série m’a tellement pris au coeur que je n’ai pas pu attendre la suite en France et j’ai lu les scans comme un sale passé le volume 19 (là où nous en sommes en France à l’heure où j’écris ces lignes.) Je ne regrette rien, et j’achèterai les tomes français au fur et à mesure de leur parution.
Mais parlons du plat principal ! Qu’est-ce que c’est que Kimi no Iru Machi, plus connu chez nous sous le nom « A Town Where you Live » ?
En un bref résumé, c’est de la comédie romantique, où la romance a plus de place que la comédie.
L’histoire est celle de Haruto Kirishima, un garçon bien dans ses bottes qui entre au lycée et qui aime bien faire la cuisine. Il est secrètement amoureux de Nanami Kanzaki, une camarade de classe qui ressemble pas mal à Suzuka, l’héroïne d’un précédent manga de l’auteur Seo Kouji. On y reviendra.
Haruto n’est pas assez confiant pour faire le premier pas, mais c’est l’irruption dans sa vie de Yuzuki Eba qui va changer la donne. Yuzuki arrive de Tokyo et va être hébergée par les parents de Haruto qui connaissent bien les parents de Yuzuki. Cette dernière veut faire son lycée à Hiroshima là où se passe l’histoire et va donc cohabiter avec Haruto durant cette période. Le truc c’est que Yuzuki est tout le contraire de Nanami. Si Nanami est plutôt réservée et studieuse, Yuzuki est tout le contraire. Enjouée, extravertie, Yuzuki est aussi un peu stupide par moments (ok, souvent), et égoiste. Une sorte de femme-enfant dont Haruto va devoir s’occuper pour éviter qu’il ne lui arrive quelque chose. Bien sûr si Haruto avait des sentiments pour Nanami, il va en développer pour Yuzuki à laquelle il n’arrête pas de penser inconsciemment. Parenthèse sur Yuzuki : c’est typiquement le perso que j’adore en 2D mais que je trouverais insupportable dans la vraie vie. Heureusement elle s’améliore !
On va donc suivre les aventures de Haruto au cours de 27 volumes. Oui, 27 volumes c’est pas mal long, mais en fait ça couvre le lycée jusqu’à la vie d’adulte de Haruto, de l’université à la vie active. On peut aussi s’interroger sur certains problèmes de rythme, comme par exemple l’auteur qui passe une centaine de chapitres sur la vie d’universitaire de Haruto avec sa petite amie. J’y reviendrai également. Sachez juste que l’histoire se déroule autant à Hiroshima qu’à Tokyo.
Heureusement il n’y a pas que le triangle amoureux Nanami/Yuzuki/Haruto dans la vie. Haruto a ses deux amis Takashi (le loser tête à claques habituel) et Akari (l’amie d’enfance sympa qui connait Haruto sur le bout des doigts) et va au fil des chapitres rencontrer d’autres personnages. Le grand frère de Nanami, Rin la soeur de Yuzuki, Asuka, Kiyomi, Kyousuke… Au final, c’est une grande palette de personnages qui nous est présentée, dont certains partiront et reviendront de temps en temps au fil du temps qui passe.
C’est un point que j’aime particulièrement dans les histoires, que ça soit Gurren Lagann ou Blind Spot, l’avancement dans le temps est toujours intéressant car il permet aux personnages de faire face à de nouvelles situations.
On sera donc amené à partager les rires, les pleurs et les histoires d’amour de tout ce beau monde. Enfin surtout de Haruto en fait. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce manga traîte également beaucoup de l’amitié et de comment est géré un groupe d’amis qui part parfois vers des horizons différents et qui évolue ou non à la même vitesse. Vous vous en doutez, avec une histoire qui s’étale sur 5-6 ans les différents protagonistes vont se retrouver en couple avec d’autres personnages (ou non). Seo Kouji arrive à développer à peu près tout ce petit monde, même si on aurait aimé un peu plus de diversité dans les chapitres au bout d’un moment. Il y a comme je disais un moment où l’histoire stagne et on vit la vie quotidienne de Haruto et sa compagne. Ca pose un grave souci de rythme à la série, en fait, car si on accroche pas à ce genre de « tranche de vie amoureuse » on va très vite s’ennuyer. De la même façon, j’ai dévoré la série d’une traite ou presque. Je pense que si j’avais suivi la parution à l’époque à raison d’un chapitre par semaine, j’aurais pêté un câble depuis longtemps.
Là où les comédies romantiques en manga effleurent rarement les choses sérieuses et maintiennent la plupart du temps le status quo (Nisekoi c’est à toi que je parle là.) KNIM n’hésite pas à lâcher des gros pavés dans la mare quitte à éclabousser tout le monde au passage. Ca donne des fins de chapitre bien souvent terrifiantes, sauf arrivé au moment où Haruto est finalement en couple et où on passe à des chapitres pour la plupart humoristiques qui permettent également de développer la relation avec sa petite amie. Câlins, moments tendres, disputes, instants nostalgiques, on vit vraiment au rythme de ce couple charmant et atrocement mignon. Les personnages ont grandi, on passe d’un Haruto au coeur d’artichaut au début à un Haruto déjà plus sur de lui et reponsable (même s’il reste énormément de boulot…) De la même façon, les personnages féminins évolueront aussi : Nanami va se défaire de son titre de reine des glaces, Yuzuki va énormément gagner en maturité, et les autres personnages vont aussi grandir chacun à leur manière. Certains vont même se marier ou avoir des enfants ! En lisant KNIM, vous allez vous embarquer pour un long voyage plein de péripéties.
Je reviens sur le côté charmant du couple que forment Haruto et sa copine passé la moitié de la série : ça m’a fait chaud au coeur. C’est ce qu’on appelle le WAFF dans une histoire, le Warm And Fuzzy Feeling. Un genre que j’apprécie particulièrement. Il y a du drama, certes mais toujours plein de bons sentiments. Les émotions se succédent et leur vie de couple est plutôt bien remplie. Des histoires de lessive, de sorties, de petit boulot à trouver… Il y a de tout et c’est plutôt bien retranscrit.
Je vous vois venir avec la question sans classe « C’est quand qu’ils baisent ? » hé bien en fait, les personnages de KNIM font comme tous les couples : la première fois est un peu maladroite mais terriblement mignonne, et ensuite ils y vont comme des lapins. Vous ne serez pas sur votre faim, surtout que c’est bien souvent joliment traité, et avec un coup de crayon qui fait la part belle au corps féminin. Seo Kouji a toujours eu un faible pour les poses pin-up et il se fait plaisir de nombreuses fois avec un peu de fan service au cours de l’histoire, sans que ça ne soit particulièrement lourd ou vulgaire. On est là pour émoustiller, pas pour faire fantasmer des adolescents. KNIM est clairement destiné à un public de jeunes adultes.
Une parenthèse sur le sexe cependant. Si vous êtes frustré lorsque cela arrivera, ne vous en faites pas, l’auteur a prévu le coup : il a écrit 5-6 chapitres « alternatifs » où Haruto finit avec l’une des autres héroïnes histoire de contenter tout le monde. Plutôt sympa, mais du coup les dojinshi n’ont plus rien à inventer !
Du côté des regrets je pense qu’on peut en identifier plusieurs. On commencera par le rythme mais ça j’en ai déjà parlé. On pourra aussi parler du rush sur la fin : on sent que l’auteur a été pressé d’en finir et beaucoup de choses se passent dans les cinq derniers chapitres (il y en a 260 environ) au point de rendre le dénouement un peu indigeste. Quelques sous-intrigues amoureuses restent un peu en suspens, on aurait aimé en savoir plus sur certains personnages.
On notera également un léger recyclage de blagues. Deux personnages en particulier sont en faute et l’une d’elles ne sert finalement à rien. Alors ok, c’est marrant d’avoir des malentendus débiles qui font que lors d’une même discussion les personnages comprennent les choses différement parce qu’ils pensent parler de complètement autre chose mais quand c’est réutilisé chaque fois que le personnage apparaît, on ne peut s’empêcher de grincer un peu des dents. Heureusement, l’auteur arrive à rendre ça plutôt drôle la plupart du temps, mais il faut bien avouer qu’au bout de la troisième ou quatrième fois, on a compris que le personnage se faisait des films à cause des quiproquo.
On pourra aussi pester contre certains traits de caractère ou réactions : Haruto est-il un peu trop naïf pour son propre bien ? Takashi n’est-il pas un peu trop con ? Yuzuki est-elle une sainte un peu idiote ou une salope manipulatrice ? Parfois les persos ont des réactions qui vous donnent limite envie d’en prendre un pour taper sur l’autre, mais parfois, nous aussi dans la vraie vie on se comporte comme une merde, surtout quand de l’amour est en jeu…
Je sais que beaucoup de lecteurs ont grave ragé contre l’auteur à cause de certains choix, mais je n’ai pas ressenti ça durant ma lecture. A beaucoup de moments j’étais en mode « Oh wow. » ou encore « Aaaaah c’est trop bieeeen ! » comme une bête fangirl intenable. Il y avait parfois tellement d’émotions, de moments forts, de passages brillants que j’étais obligé de poser le livre et de me rouler par terre d’excitation ! Des sentiments qui font chaud au coeur, en somme. Il n’y avait même pas besoin d’un baiser pour ça, mais simplement une main tenue, une parole qui émeut, ou un simple câlin… Kimi no iru machi est rempli de ces moments plein de bonheur et de sentimentalisme qui pourra passer au dessus de nombreuses personnes, mais pour une fleur bleue comme moi, c’était un pur délice.
Surtout que autant Suzuka m’avait laissé de marbre, autant là l’auteur a déjà un peu plus maitrisé son oeuvre et se dirige bien vers la route qu’il a choisie dés le début, sans réel détour. Dans Suzuka c’était mou du genou et l’héroine est restée assez détestable la plupart du temps. Sans compter qu’on ne savait pas trop s’il se dirigeait vers une histoire d’amour ou une histoire sur le sport. Au final ça a pas été si bien et la fin a été un peu abrupte.
Alors pourquoi j’en fais des tartines sur KNIM ? Ben voilà, c’est dur à expliquer mais ce manga m’a apporté beaucoup de bonheur. J’ai dévoré, vraiment dévoré l’histoire. Je ne pouvais plus m’arrêter : il fallait que je me gave encore et encore plus de cette vie amoureuse tourmentée. J’ai eu l’impression de retomber en adolescence en le lisant, j’ai eu l’impression de reparcourir mes premières fanfictions WAFFy sur Evangelion. Alors ouais, je sais que pour certains d’entre vous ça va être rédhibitoire, mais c’est l’effet que ça m’a fait.
J’ai lu à droite à gauche pas mal de retours comme quoi les personnages sont idiots, comme quoi l’histoire se traîne… En fait, comme je l’expliquais plus tôt, si on a suivi cette série de façon hebdomadaire, il est certain que ça devait être relou de voir tous ces chapitres qui ne faisaient pas avancer l’histoire d’un iota. Ca devait même être carrément frustrant, je l’imagine très, très bien. Mais à dévorer d’une traîte, c’est vraiment jouissif, surtout si on a aimé des histoires comme Ichigo 100%, GE Good Ending, ou encore dans une certaine mesure Suzuka. On a plus assez de ce genre d’histoires d’amour un peu dramatiques ou amusantes par moments, où on a des histoires d’amour traitées plutôt finement et qui ne soit PAS un enième Shoujo ou Josei. D’ailleurs, un aspect que j’aime beaucoup dans KNIM et qu’on retrouve aussi dans Golden Time, c’est le fait qu’on y parle d’amitié et d’amour entre adultes, ou tout du moins entre gens à l’université. Ca change tellement des amourettes lycéennes habituelles ! De toutes façons les lycéens amoureux c’est passé de mode, maintenant on ne nous pond plus que des histoires de lycéens à leurs clubs !
Donc voilà, si vous cherchez une histoire d’amour pleine de rebondissements et avec des moments épiques (que j’adorerais vous spoiler mais que je ne vais pas faire) enrobés d’un peu de comédie mais SURTOUT avec des persos hyper attachants qu’on aimera suivre. Si bien que quand vient le moment de lire le dernier chapitre, on est à la fois triste et soulagé, pour des raisons très contradictoires.
C’est une belle histoire, et j’ai tremblé plusieurs fois en la lisant. Mon coeur a battu au rythme de ceux de Haruto et… ah non, je vais pas vous le dire, à vous de le découvrir !